LIGUE 1 CONFORAMA - C’était une nouvelle occasion de prendre officiellement le titre. Une occasion de clôturer cette saison en championnat presque une bonne fois pour toute et de se concentrer sur tout ce qui reste à Paris cette saison : la finale de la Coupe de France contre le Stade Rennais. Mais ce PSG version QSI est imprévisible et ça, tout le monde le sait.
Tout est définitivement possible avec cette équipe. Comme concéder la plus large défaite du club depuis presque vingt ans le soir du match pour le titre. Sur les terres de son dauphin dans le choc au sommet de la Ligue 1 version 2018-2019, Paris s’attendait à un match difficile alors qu’il était privé notamment de Neymar, Cavani, Marquinhos et Di Maria. On savait aussi que dans un stade où l’atmosphère serait contre lui, Aréola aurait du fil à retordre et Paris subirait les vagues de la virevoltante BIP (Bamba, Ikoné, Pépé). Mais de là à subir un tsunami, c’est une autre histoire. Je n’irais pas jusqu’à dire que Paris a tout gâché car cette saison n’est pas ratée. Paris, quoiqu'il se passe lors des six dernières journées, sera encore champion de France pour la huitième fois de son histoire et la sixième fois en sept ans. Et à tous ceux qui disent que cette saison est la pire depuis l’arrivée du Qatar, rappelez-vous qu’un Paris champion d’automne a changé de coach et laissé filer le titre à l'inattendu Montpellier en 2012 et que cette même année, l'équipe n'a pas dépassé la phase de groupes de la Ligue Europa. Rappelez-vous également qu'une équipe dirigée par Unai Emery a perdu le titre en Ligue 1 après quatre saisons de domination et subi l’une des plus humiliantes défaites de l’histoire de la Ligue des Champions en 2017. En revanche, si cette saison n’est pas ratée, elle n’est pas réussie pour autant. Sans Ligue des Champions ni Coupe de la Ligue, il reste à Paris à remporter la finale de la Coupe de France dans une dizaine de jours face au Stade Rennais, qui à contrario aura à cœur d'écrire l’une des plus belles pages de son histoire.
Il est quand même vrai que voir le club parisien finir sa saison en roue libre peut donner des regrets aux supporters des rouge & bleu. Alors que Choupo-Moting avait décidé il y a une semaine de retarder le titre, c’est cette fois Thomas Meunier qui a lancé le fiasco parisien à Villeneuve d’Ascq. Un but contre son camp très tôt puis une blessure bête obligeant le Belge quelques minutes après la sortie sur blessure de Thiago Silva ont contribué à la magnifique soirée lilloise. Il n’en fallait pas plus pour que Nicolas Pépé n’enflamme le stade Pierre-Mauroy qui a battu un nouveau record d'affluence pour un match du LOSC. Mais Juan Bernat, au duel avec le meilleur Dogue de la saison, a décidé de faire une nouvelle offrande en étant expulsé. C’est pour lui, c’est cadeau. Pour le reste, tout le mérite revient à des Lillois étincelants. Les Dogues n’ont quasiment manqué aucun grand rendez-vous à domicile cette saison, offrant à leurs supporters des prestations XXL face à Rennes (3-1), Marseille (3-0), Saint-Etienne (3-1) ou encore Nice (4-0). Cette fois, c’est le champion de France en titre qui y est passé et les Nordistes n’y sont pas allés de main morte pour écraser le club de la capitale. Certes, un PSG en infériorité numérique privé de la moitié de ses cadres est moins difficile à battre. Mais les hommes de Christophe Galtier l’ont fait, et plutôt bien en enfilant les buts. Tout le monde y a participé, de la charnière centrale Fonte-Gabriel tous deux buteurs sur corner, à l’attaque de feu Bamba-Pépé qui n’ont laissé (presque) aucune chance à Aréola. Car même s’il n’a pas été aidé par ses défenseurs, le gardien champion du monde n’est pas exempt de tout reproche sur tous les buts lillois.
Sa prestation est d’autant plus à mettre en lumière qu’elle est largement contrastée avec celle de son homologue en face, Mike Maignan. Ancien titi, comme lui, le portier de LOSC a livré un match presque parfait à l’image de sa saison. Doté d’un bon jeu au pied, irrésistible dans l’exercice des penalties et très bon sur sa ligne, l’ancien coéquipier d’Alphonse Aréola chez les jeunes du PSG a montré qui était le patron hier soir. Auteur d’une très bonne saison, il a souvent tenu la baraque dans les moments faibles de son équipe, ce qui fait de lui l’un des meilleurs gardiens de Ligue 1. International français espoirs, le gardien de but qui a rejoint le nord en 2015 n’a jamais évolué sous la tunique parisienne chez les pros. Et pour ça, les dirigeants parisiens peuvent nourrir quelques regrets à la vue de la saison de leur champion du monde qui est loin d’être exceptionnelle, même s’il a été mis en concurrence avec Gianluigi Buffon. Des anciens parisiens, il y en a d’autres chez le deuxième de Ligue 1 à commencer par l’un des indispensable du onze de Galtier, Jonathan Ikoné. Passeur décisif à deux reprises contre son club formateur, l’attaquant lillois a encore fait mal et n’aurait pas été de trop dans l’autre camp où il n'a pas pu s'exprimer assez pour s'imposer. Le dernier titi à avoir joué hier, c’est Boubakary Soumaré. Le milieu de terrain recruté par Marcelo Bielsa la saison dernière a disputé vingt minutes de ce Lille-Paris. Lorsqu’on voit que Thomas Tuchel est obligé d’aligner son latéral gauche au milieu de terrain et se plaindre de manquer d’effectif, le milieu de terrain français n’aurait pas non plus été de trop. Si Paris peut se mordre les doigts d’avoir été humilié par trois de ses anciens joueurs, on peut en revanche louer la qualité du recrutement du LOSC, qui est décidément passé dans une autre dimension après le maintien in-extremis arraché il y a un an. Tout va tellement vite dans le foot...
Et ça Paris le sait. Depuis le rachat du club en 2011, jamais le club n’avait perdu par quatre buts d’écart en championnat. Jamais il n’avait pris cinq buts non plus. Pour ça, il faut remonter à décembre 2000 avec une défaite 5-1 à Sedan. C’était une autre époque, un autre monde dans lequel Paris se battait pour l’Intertoto et finissait 9e de Ligue 1 sous les ordres de Philippe Bergeroo. Cette lourde défaite va rappeler quelques mauvais souvenirs aux plus anciens supporters du PSG, qui n'avaient pas vu leur équipe s'incliner aussi lourdement sur le territoire français depuis un moment. Pour les supporters lillois, c’est un retour au premier plan qui se confirme. A quelques matchs de la fin de la saison, le LOSC a pris huit longueurs d’avance sur Lyon et se rapproche de plus en plus d’une place en Ligue des Champions pour la première fois depuis 6 ans.
Dans un stade Pierre-Mauroy où il n’avait jamais perdu, le club de la capitale s’est fait marcher dessus par la machine lilloise. Un rouleau compresseur, solide défensivement qui explose en contre-attaque et est redoutable d’efficacité. Des excuses, on peut en trouver au PSG de Thomas Tuchel toujours privé de la moitié de son effectif et qui a vu son équipe réduite en infériorité numérique. Mais le problème est plus loin et le mal plus profond. Peut-être un manque d’envie à l’image de la prestation de Julian Draxler. Un mois à peine après la désillusion contre Manchester les coéquipiers de Kylian Mbappé sont ressortis énervés du match contre le LOSC. Le meilleur buteur de Ligue 1 était frustré du mauvais match des siens, mais aussi énervé contre l’arbitrage de Benoît Bastien. En conférence de presse, Thomas Tuchel a lui évoqué les vrais problèmes qu’il rencontre depuis des semaines, pointant du doigt le travail de son directeur sportif Antero Henrique lors des derniers mercatos. En mésentente, les deux hommes ne se sont notamment pas entendus sur le dossier Rabiot, qui oblige le coach allemand à aligner ses défenseurs au milieu de terrain. Le bricolage agace Tuchel, mais ce-dernier devra de nouveau trouver une solution pour un énième « match du titre » à Nantes mercredi alors que la liste des absents ne cesse de s’allonger.
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