#INTERVIEW - Ancien rugbyman professionnel (4 sélections en Equipe de France, deux fois champion de France), Vincent Moscato a entamé en 2000 s'est notamment reconverti dans la radio puisqu'il anime le Super Moscato Show, sur RMC, depuis 14 saisons.
Tu es tous les jours dans le Super Moscato Show. Comment préparez-vous l'émission ?
On la prépare le matin en fonction des sujets qui tombent dans l'actualité sportive. J'ai une équipe qui sélectionne des débats en fonction des sujets qui apparaissent dans la presse. On peut choisir de parler de Mbappé, du Stade Toulousain, de cyclisme… Ils m'appellent vers 11h pour me les proposer et, à partir de là, on décide de quoi on va parler avant de préparer l'émission.
Ton émission dure depuis 14 ans maintenant. Comment faire pour perdurer et avoir tous les jours une audience aussi importante ?
On essaie de rester comme on était au début en s'améliorant, en étant le plus authentique possible et en faisant une émission de sport qui est aussi une émission de gaudrioles qui ne se prend pas très au sérieux. Tout en donnant un avis. C'est ce qui crée le débat car on on n'est pas d'accord sur tout. C'est donc un mélange d'expertise sportive et de décontraction.
Tu parles de décontraction dans une émission où chacun peut dire ce qu'il veut sans que cela choque. Est-ce ce qui te permet de ne pas t'ennuyer ?
Oui, c'est d'être libre, un peu original et de ne pas faire comme tout le monde. C'est un atout qui est quand même assez agréable dans le Moscato Show. Les gens sont habitués et nous permettent de partir en vrille parfois sans qu'on ait de commissaire politique de la bien-pensance qui vienne nous ennuyer. On a gagné nos galons là-dessus, c'est que personne vienne nous emmerder. Les gens savent qu'on déconne et on a cette chance de ne jamais être pris au premier degré.
C'est ce qui fait la grande différence avec une chaîne comme France 2 où tu as été consultant au début de ta reconversion ?
Oui alors... En télé, il faut faire un peu plus attention. Tu sais où il faut mettre le curseur en fonction de si tu es chez Hanouna ou chez moi et si tu es sur France 2 ou TF1. Tu sais que tu dois faire plus attention. Il y a différents niveaux et tu sais où tu es. Tu ne peux pas dire n'importe quoi n'importe où.
Vous avez longtemps été seulement à la radio mais vous êtes aujourd'hui également télévisés sur RMC. Cela change-t-il quelque chose ?
Non ! Alors là, ça ne change rien du tout. J'ai dit que je continuais à faire de la radio comme s'il n'y avait pas de télé. Je n'ai pas voulu dénaturer l'émission radio par rapport à la télé. Tout d'abord parce qu'à la base on fait une émission de radio et aussi parce qu'on a beaucoup plus d'auditeurs à la radio qu'à la télé.
Y avait-il une volonté d'aller chercher une audience plus importante à la télévision ?
Oui, bien entendu. Mais enfin bon, moi, dans ma tête, je suis à la radio.
"Nous, c'est comme le match : une fois que l'émission est terminée, on boit un coup ensemble."
Comme beaucoup de grands sportifs, tu as connu une reconversion et tu t'es mis au cinéma, à la radio, au théâtre... Dans ta vie, voulais-tu tout essayer ?
J'ai toujours le sentiment que le temps passe très vite et qu'il faut faire pas mal de choses. Et quand tu as un tempérament comme le mien, tu as envie de goûter à tout, d'être un peu touche à tout. Mais bien entendu, l'étau se resserre car tu as des priorités : le one man show et la radio. Je fais aussi de temps en temps du cinéma et quelques émissions de télé. Mais avant tout, je me concentre sur la radio et le one man show.
Penses-tu avoir réussi dans tout ce que tu as fait ?
Non, on a tous des échecs. Il y a des endroits où tu réussis et d'autres où tu réussis moins bien. Mais en général, dans tout ce que j'ai voulu, j'ai réussi à faire ce que je voulais. Je ne suis pas mécontent. Etre mécontent serait un peu faire l'enfant gâté.
Tu as souvent dit que tu parlais de certains sports sans t'y connaître. Cherches-tu à mieux les connaître ?
Non mais c'est aussi ce qui est bien. Les mecs qui arrivent sur les plateaux télé en connaissant tout, ça me fatigue. Tous les débats qu'on voit sont aussi parfois très usants. Je crois qu'un peu de neutralité et de fraîcheur, justement en ne connaissant pas tout par cœur et en disant des conneries, nous fait dire aussi des choses de bon sens.
Considères-tu que faire de la radio comme tu le fais et faire des one man show sont finalement des choses qui se ressemblent beaucoup ?
Un peu. Un peu car l'exercice est un petit peu différent quand même. Mais c'est vrai qu'il y a des points communs sur des bons mots, sur de l'humour.
Le foot en 2020, qu'en penses-tu, toi qui dis souvent que tu es nostalgique de ton époque ?
On est automatiquement tous nostalgiques de ses 20 ans. Le fameux "c'était mieux avant", c'est parce qu'on avait 20 ans et que c'est mieux que 50 ou 80. On le sait très bien. C'est le truc des vieux cons mais ce n'était pas mieux avant. Les mecs qui ont 20 ans maintenant se régalent autant que ceux qui ont eu 20 ans il y a 30 ans. Ce sont des trucs basiques mais qui sont des ressentis humains compréhensibles.
Il t'arrive parfois de critiquer l'individualisme de joueurs comme Mbappé ou Neymar par exemple...
(il coupe). Ce n'est pas de l'individualisme. Les jeunes sur les réseaux sociaux s'enferment un peu sur eux-mêmes donc c'est tout l'égocentrisme qui est poussé à son paroxysme par rapport à l'époque à laquelle on vit. Ce sont tous ses réseaux comme Facebook qui font que l'homme devient de plus en plus individuel.
Paris refuse de laisser Mbappé participer aux JO. Selon vous, qui a raison entre le club et le joueur ?
Les deux ont raison. Tu ne peux pas empêcher le PSG de dire qu'il n'est pas d'accord. C'est quand même lui qui paie et entre l'Euro, la Ligue des Champions, le championnat... il ne faut pas se disperser. Le problème, c'est que plus tu joues plus il y a un risque de blessure alors je comprends que le PSG ne soit pas chaud pour que Mbappé fasse les JO. Il faut se mettre à la place du président qui paie tous les mois son joueur, il n'a pas envie de voir son jouer se blesser.
Une question rugby pour terminer : 2020 peut-elle être l'année des Bleus ?
Oui, tu le vois, on a gagné trois matchs donc maintenant on a envie d'un grand chelem. Cela ferait tellement de bien au rugby français. Il y a une telle fraîcheur et de jeunes qui sont arrivés dans cette équipe que ça donne du baume au cœur et j'espère que ça va le faire.
Je remercie Vincent pour sa disponibilité et Krystel Moscato.
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