#INTERVIEW - Journaliste pour BeIN SPORTS, Samuel Ollivier présente notamment le MultiLigue2 chaque vendredi avant de commenter l'affiche du weekend le samedi avec Robert Malm et François Rabiller. Il me parle de son métier, de sa passion pour la Ligue 2 et de ses souvenirs dans le journalisme.
Pourquoi journaliste sportif ?
Cela s'est assez rapidement imposé à moi quand j'étais adolescent car c'est la combinaison entre mes deux passions : le sport et le journalisme. Au début la passion sport prenait le dessus sur la passion journaliste mais après une dizaine d'années dans le milieu, je remarque que c'est l'inverse qui se produit. J'aime toujours autant le sport mais je suis encore un peu plus passionné du journalisme, de la façon de l'exercer, de la manière dont on cherche le meilleur interlocuteur pour une interview, de la manière dont on présente une émission... Aujourd'hui, je suis comme quand j'avais 18 ans avec la même envie de faire mon métier du mieux possible.
Aurais-tu pu être journaliste dans un autre domaine que le sport ?
Oui, je le crois. Peut-être moins au début car il y avait vraiment cette volonté d'être journaliste de sport. Mais aujourd'hui, comme je te l'ai expliqué, le journalisme est devenu une passion. Je m'intéresse à l'actualité générale. Tout sujet peut être vu à travers le prisme du journalisme et c'est ce qui m'intéresse aujourd'hui. Je n'ai pas de plan de carrière établi avec une volonté de faire du sport toute ma vie. Je veux faire ce qui m'intéresse et aujourd'hui c'est le sport mais peut-être que demain ce sera autre chose.
On te voit aujourd'hui à la télévision. Es-tu intéressé par les autres supports ?
A l'origine, je suis un enfant de la radio et ma première passion est la radio. J'ai grandi avec les grandes voix de la radio et j'ai commencé par la radio dans une petite structure qui s'appelait RTL-L'Equipe qui était une webradio sur internet. J'ai ensuite enchaîné par RMC et c'est là que j'ai découvert l'univers de la télévision en travaillant à la fois pour RMC mais aussi pour BFM TV. C'est à ce moment que la bascule s'est opérée. Mais la radio est un média que j'adore, que j'écoute tous les jours et qui a une forme de noblesse je trouve, la noblesse du travail de l'imaginaire. En télé tout nous est imposé par l'image, rien n'est suggéré car tout est placé sous vos yeux alors qu'en radio l'imaginaire joue un rôle formidable et commenter un match à la radio demande un travail d'imagination perpétuel.
Dans tes commentaires, tu aimes discuter avec Robert Malm et François Rabiller et apporter des anecdotes à l'image de "la Delaine" qui est devenue connue des suiveurs de la Ligue 2. Peut-on parler d'un style ?
Je ne sais pas, ce serait sans doute présomptueux de dire qu'on a un style sur la Ligue 2. Mais ce que je peux dire du commentaire tel que je le conçois c'est que c'est d'abord un commentaire à trois et non pas à deux plus un journaliste bord terrain. J'aime que ce journaliste soit un relais de ce qu'il se passe au bord de la pelouse mais n'hésite pas à intervenir dans les petits débats que l'on peut mettre en place ou lui même apporter une anecdote que l'on n'aurait pas. Quand je discute avec François ou avec d'autres journalistes susceptibles de faire le bord terrain en Ligue 2, je leur demande d'être libres d'intervenir dès qu'ils ont quelque chose d'intéressant à raconter. Ce n'est pas parler pour parler mais il ne faut pas se sentir bridé. C'est vrai qu'on a pris le parti d'enrichir notre commentaire d'anecdotes, de discussions et de débats pour parfois combler les temps morts qu'il peut y avoir. On fait toujours la télévision qu'on a envie de regarder et personnellement, quand je regarde un match, j'ai envie d'entendre de la vie, des débats ou des anecdotes au-delà du descriptif pur et simple. C'est une façon de voir les choses et il y en a d'autres qui sont aussi intéressantes.
Justement, ce type de commentaire peut ne pas plaire à tout le monde. Cherches-tu donc à trouver un juste milieu ?
L'idée est de commenter un match en étant le moins gênant possible pour le téléspectateur et d'accompagner l'événement car il ne faut pas oublier que le journaliste n'est pas la star de l'événement mais qu'il est là pour mettre en valeur les stars et qu'il est le simple relais entre le téléspectateur et l'événement. Mon objectif n'est donc pas d'être le meilleur commentateur possible mais de gêner le moins possible la fluidité de la diffusion du match. On a des retours qui sont positifs ou moins positifs et on essaye de prendre tout ça en compte pour trouver la meilleure formule possible qui satisfasse un maximum de personnes.
Actuellement les championnats dont la Ligue 2 sont à l'arrêt. Comment as-tu vécu cette annonce ?
Comme tout le monde, on a dans un premier temps subi la situation. C'est un problème grave de sante publique qui dépasse le cadre du sport donc la première chose a été de se mettre en conformité avec les règles dictées par le gouvernement. Après, on a souhaité sur BeIN SPORTS maintenir tant que possible le lien entre les sportifs et les téléspectateurs. Tous les jours on propose donc sur les réseaux sociaux de nombreuses vidéos avec les acteurs du foot français et on voit comment ils vivent le confinement, l'absence d'activité sportive et quel message ils sont susceptibles de faire passer car ils sont des exemples pour beaucoup. A l'antenne, on a décidé de diffuser les plus beaux matchs et multiplex de Ligue 2 depuis la création de la chaîne en 2012. On revivra par exemple le multiplex incroyable de la 38e journée en 2017. On essaie de donner de la diversité dans cette programmation un peu subie mais réactive.
Tu as organisé vendredi dernier un live Instagram avec Robert Malm. Prévois-tu d'organiser ce genre de discussion tous les vendredis ?
Oui. Il y aura une case Ligue 2 le vendredi à 20h donc tous les vendredis à 19h15, à l'heure de la prise d'antenne du MultiLigue2 habituellement, nous allons continuer ce livre Instagram qui n'a au fond aucune autre ambition que de passer un bon moment avec ceux qui aiment la Ligue 2, de se rappeler quelques bons souvenirs et d'échanger sur la Ligue 2 ou sur d'autres thèmes selon ce qui intéresse ceux qui vont nous suivre. La seule ambition est de passer un bon moment ensemble et de sortir du contexte actuel.
On voit beaucoup de possibilité concernant la fin du championnat (arrêt, reprise, saison blanche). En faveur de quelle solution serais-tu si un choix devait être fait ?
Franchement, je ne peux pas faire de réponse sur ça et je trouverais même ça un peu déplacé parce qu'on est dans une situation de santé publique grave et que la priorité pour chacun d'entre nous est que la situation se stabilise et qu'il y ait un retour à la normale. Quand ce retour à la normale s'opérera-t-il ? Personne ne le sait actuellement. Cela peut être dans un, deux ou trois mois. La priorité est loin du football pour l'instant et ce qui va dicter la suite n'est pas le souhait ou l'envie des uns et des autres mais surtout la date de reprise possible du championnat. Si on peut reprendre et finir la saison évidemment que tout le monde sera d'accord avec ça. Encore faut-il que cela puisse se faire dans de bonnes conditions sanitaires et ça c'est indispensable. Ma priorité, comme celle de beaucoup d'acteurs de la Ligue 2 que l'on rencontre depuis plusieurs jours, est qu'il y ait un retour à la normale du point de vue du pays.
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Tu te préparais à suivre l'Euro cet été. Si on exclut la situation actuelle, est-ce une déception qu'il soit reporté ?
On avait lancé un programme qui s'appelle BeIN Bleus qui est un programme récurrent sur BeIN depuis 2016 et on avait également lancé le compte à rebours à J-100 avec chaque soir à 18h du contenu sur l'Equipe de France. On a donc évidemment dû arrêter ce programme car il n'avait plus sa place avec le report de l'Euro. Evidemment qu'on avait tous envie de participer à cette compétition, sportifs comme journalistes. Mais ce n'est que partie remise et il vaut mieux que la compétition se déroule dans de bonnes conditions plutôt que l'on force la situation.
Justement, cela signifie-t-il que certains des reportages que vous avez réalisés ne seront pas diffusés ?
Non, je ne crois pas parce que la plupart des interviews et des reportages que l'on souhaitait faire autour de l'Equipe de France étaient intemporels. L'idée quand on interviewait un joueur était de faire une interview magazine avec pour thème, par exemple, Thomas Lemar et son départ de la Guadeloupe, Clément Lenglet et la vie qu'il a eue en France avant son départ pour l'Espagne, Kingsley Coman sur la façon dont il a raté la Coupe du Monde 2018 et comment il a trouvé l'amour pendant la Coupe du Monde ou Moussa Sissoko sur sa ville natale Aulnay-sous-Bois. Je pense que ce sont des interviews que nous pourrons réutiliser en temps utile mais la plupart ont été diffusées de toute façon.
Tu as suivi les Bleus en Russie lors de la Coupe du Monde 2018. Hormis le titre, quel souvenir gardes-tu de cette expérience ?
Si je ne devais retenir qu'une image, je pense que ça serait le but de Benjamin Pavard parce que j'étais derrière le but au moment où il réussit sa magnifique reprise de volée. Et je dois avouer que je ne suis pas un bon français car à 2-1 pour l'Argentine, j'ai eu de sérieux doutes sur nos capacités à revenir dans le match et je nous voyais déjà rentrer à Paris le lendemain (rire). C'est vrai que c'est une drôle de sensation d'être derrière ce but car il y a la joie de voir l'Equipe de France revenir dans la partie mais on est tellement concentré et attentif à la moindre situation que cette joie s'efface assez vite. Il y a quand même ce sentiment assez contrarié de voir l'Equipe de France performer avec notre travail qui nous empêche d'être dans l'euphorie.
Était-ce un rêve ou un objectif pour toi de suivre une Coupe du Monde et d'y voir la France remporter le titre ?
J'ai décidé de faire ce métier de journaliste parce que je voulais être là où les choses se passent. C'est toujours ce que j'ai eu en tête et c'est le sentiment que j'ai eu avec l'Equipe de France qui a écrit une page de son histoire en 2018 et j'ai eu la chance grâce à BeIN SPORTS et Florent Houzot (directeur de la rédaction, ndr) d'être où les choses se passaient ce soir-là à Moscou. Donc cela faisait complètement partie de mes souhaits et de mes espoirs de vivre ces moments-là dans ma carrière de journaliste. J'espère qu'il y en aura d'autres.
Tu as vécu France-Croatie en bord terrain et tu évoquais aussi le multiplex de la 38e journée de Ligue 2 en 2017. Quel est le plus beau moment de sport que tu aies pu commenter ?
C'est vraiment dur de faire une sélection... (il réfléchit). Je vais citer trois événements parce que je n'ai pas envie de faire de hiérarchie. J'ai autant d'émotions à être à l'antenne quand Amiens marque à la 96e minute et monte en Ligue 1, qu'à être au bord de la pelouse le soir de la finale de la Coupe du Monde 2018 et de faire l'interview de Corentin Tolisso, Adil Rami et Presnel Kimpembe, sous la pluie, alors que rien n'avait été prévu pour, qu'à présenter une émission sur le Giro comme je l'ai fait pendant trois ans. Ce sont des émotions qui se ressemblent parfois mais je ne les hiérarchise pas parce que je prends autant de plaisir que ce soit l'Equipe de France, la Ligue 2 ou un autre sport comme le cyclisme.
Pourquoi aimes-tu autant la Ligue 2 et as-tu un club de cœur dans ce championnat ?
Alors il se trouve que je n'ai pas de club de cœur. Quand j'étais petit j'étais plutôt Paris Saint-Germain comme pas mal de gamins qui habitaient à Paris mais aujourd'hui je suis assez détaché de ça, je ne vis pas le football à travers le prisme du supporter. J'aime ce championnat parce qu'on y découvre des pépites, que c'est un championnat à suspense comme nul autre je pense en France ou en Europe. J'ai rarement vu autant de saisons se disputer jusqu'à la dernière seconde comme c'est le cas quasiment tous les ans en Ligue 2. C'est un championnat humain aussi, où les joueurs sont accessibles et il est plus facile de travailler avec des clubs qui nous ouvrent leurs portes.
Tu te rends souvent à Bollaert-Delelis le samedi mais est-ce la plus belle ambiance que tu aies connue ?
En termes d'ambiance, Bollaert-Delelis n'a évidemment pas d'égal en Ligue 2 si ce n'est le Stade de la Meinau lorsque Strasbourg évoluait en Ligue 2 où il y a une ambiance formidable. Après il y a plein de stades en France où l'ambiance est sympa : le Parc, le Vélodrome, Geoffroy-Guichard... Mais une ambiance qui m'a vraiment marqué plus qu'une autre, c'est en Turquie où j'avais fait un match de Ligue des Champions à Galatasaray. Je n'ai jamais été dans un stade où il y avait autant de bruit, c'était assourdissant. C'était si impressionnant de voir ce stade trembler et rugir que je comprends que certains joueurs puissent y perdre leurs moyens.
As-tu des objectifs, des rêves ou des souhaits pour la suite de ta carrière de journaliste ?
J'ai plein d'envies. J'ai l'envie de continuer à progresser avec cette double casquette que j'ai à BeIN avec le commentaire et la présentation, j'ai envie de continuer à apprendre des choses, j'ai envie de continuer à faire ce métier avec passion car je me lève chaque matin avec envie et je crois que ce n'est pas la chance de tout le monde. Je mesure la chance que j'ai donc j'ai envie que ça continue. Ce serait terriblement mal venu de me plaindre de ce que j'ai pu vivre depuis que j'ai 18 ans parce que j'ai couvert deux Coupes du Monde, un Euro, une Coupe d'Afrique des Nations, une Coupe du Monde de rugby, trois tours d'Italie et un Tour de France... Donc j'ai eu la chance de vivre tellement de choses que j'ai simplement envie que ça continue.
Je remercie Samuel pour sa disponibilité ainsi que H.Galipon.
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