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Interview de Roger Boli : "Lens, la ville et le club sont ancrés en moi pour la vie"

#INTERVIEW - Légende du Racing Club de Lens avec plus de 250 rencontres disputées sous le maillot Sang & Or, Roger Boli a été pendant sept ans l'une des idoles des supporters lensois. Parti du club en 1996, son nom est de retour sur le maillot de Charles, son fils.


Quel gardez-vous de votre passage à Lens ?


Mes sept années à Lens se sont très bien passées. Je suis arrivé au club en 1989, Gervais Martel m'a dit qu'il comptait énormément sur ma venue. Le projet m'a tout de suite plu. A mon arrivée, c'était très compliqué car le club venait de descendre donc il y avait 3 000 personnes au stade Bollaert quand on a repris en Ligue 2. C'était très difficile de pouvoir s'éclater, ce n'étaient pas encore les beaux jours. On a joué dans un stade pratiquement vide la majeure partie de la saison puis est arrivée la deuxième saison. C'était difficile au début mais on a fait une belle remontée avec l'arrivée de Mustapha El Haddaoui. A son arrivée, on s'est retrouvés et le stade a commencé à se remplir tout doucement parce qu'on jouait les premiers rôles. On a commencé à jouer dans un Bollaert quasiment plein, on est passés de 3 000 supporters à 30 000. C'était nouveau pour moi car j'avais l'habitude de jouer devant 8 ou 10 000 personnes mais c'était tellement agréable qu'on s'est surpassés, moi le premier.

Roger lors d'un derby contre Lille en 1994 (Getty Images)
Roger lors d'un derby contre Lille en 1994 (Getty Images)

Quel est votre meilleur souvenir au club ?


Cette saison-là, on a fini très fort et on s'est classé parmi les équipes qui devaient jouer les barrages. On a fait les barrages et ça a été un des plus beaux moments de ma carrière à Lens. On a battu Valenciennes à domicile puis Strasbourg à l'aller et au retour. Contre Toulouse, on s'était un peu fait voler à l'aller et on avait gagné au retour (1-0) dans un stade comble. Ce sont de très bon souvenirs. On est montés administrativement en première division et l'un des fameux matchs qu'on a joués à Bollaert est celui contre Marseille (2-1) où je marque à la 6e minute puis Basile Boli égalise. On avait gagné grâce à une tête de Gillot. On a aussi fait une demi-finale de Coupe de France à Bollaert (perdue 2-0 contre Montpellier, ndr) et j'ai été meilleur buteur du championnat de France en 1994 donc mes saisons à Lens se sont bien passées.


Avez-vous un regret d'être parti peu de temps avant le titre de 1998 ?


Je peux dire que c'est un regret car j'aurais aimé rester pour être dans le groupe du titre. Mais avant que je parte, Lens a failli descendre. Je ne suis pas parti pour ça mais je pense qu'il ne fallait pas que je fasse la saison de trop alors, en accord avec Gervais Martel, j'ai décidé de partir car je pensais avoir fait du bon travail et je ne voulais pas être un boulet dans ce club. A la fin, je jouais moins alors je me suis dit que c'était le bon moment pour partir au Havre.


Vous étiez une idole à Bollaert et aujourd'hui votre fils Charles est l'un des chouchous du public. Que représente cet amour que le public lensois a pour votre famille ?


C'est forcément une fierté car quand on est aimé c'est souvent parce qu'on a fait du bon travail et que ce qu'on a fait est reconnu. Cette reconnaissance me comble car Lens, la ville et le club sont ancrés en moi pour la vie donc le fait que mon fils Charles soit apprécié me fait plaisir. Les supporters l'aident lorsqu'ils le supportent et chantent pour lui, c'est aussi une façon de me rendre hommage et de le pousser. Je reste attaché à ce club qui m'a tellement apporté et qui continue à m'apporter car quand je vois Charles être encouragé, c'est un petit clin d’œil pour moi. C'est vraiment avec plaisir que je vois tout ce qui se passe autour de Charles. Mais ce n'est pas tout, il faut qu'il confirme tout ce qu'on pense de lui et ça tombe bien car il y aura beaucoup d'attente en Ligue 1. J'espère qu'il arrivera à relever ce défi. Il a les qualités et il s'améliore de jour en jour donc j'espère de tout cœur que le club lui donnera sa chance mais aussi qu'il s'affirmera en Ligue 1 car cela faisait pas mal d'années qu'on attendait ce retour en première division.

Charles Boli après une victoire à Paris (Getty Images)
Charles Boli après une victoire à Paris (Getty Images)

Charles va jouer en Ligue 1 la saison prochaine. Quel est votre sentiment ?


C'est clair que de le voir jouer dans l'élite du championnat de France, c'est pour moi une grande fierté surtout qu'il a connu pas mal de soucis physiques. Mais depuis qu'il a recommencé à jouer, on voit qu'il progresse de jour en jour. C'est pour ça qu'on a préféré qu'il continue à Lens, dans un cadre qu'il connaît et que je connais aussi. Tous ses repères sont à Lens avec la famille et les amis donc on n'a pas voulu casser ça. On voulait qu'il continue ici car on savait qu'il était né pour commencer avec Lens et j'espère, que ce soit de son côté ou du côté du club, que chacun y trouvera son compte pour cette saison que tout le monde attend.


Des soucis physiques auraient pu l'amener à arrêter le foot. Pensiez-vous qu'il connaîtrait une telle ascension après cette épreuve ?


Peu de gens le savaient mais il y a quelques mois en arrière, quand c'était à moi de lui dire qu'il devait arrêter le foot, je n'arrivais pas à le faire. Je disais toujours "je lui dirai demain" tellement j'avais peur qu'il soit effondré. Je ne voulais pas voir mon fils dans cet état. Puis est arrivé ce docteur miracle, venu de je ne sais où, qui nous a redonné espoir. Il nous a redonné le goût du foot. Quand on a été le voir, il a dit à Charles "dans 15 jours tu es guéri". On n'y croyait pas, on se disait qu'il se trompait et quand on a vu qu'il disait vrai, c'étaient vraiment de bons moments. Maintenant, je sais qu'il a encore une grande marge de progression et qu'il fera des choses très intéressantes. En tant que papa, le voir à ce niveau et s'éclater, ça me rend forcément heureux car on le connait bien, on sait d'où il vient et on sait jusqu'où il peut aller.


En tant qu'ancien joueur et agent de joueur, j'imagine que vous conseillez votre fils. Lui conseillez-vous de faire sa carrière à Lens ou de partir en cas d'opportunité ?


Je pense qu'il faut éviter de se projeter trop vers l'avant dans le football. Il faut y aller étape par étape, c'est beaucoup mieux. Il va d'abord se reposer et savourer la montée avant de revenir à bloc pour aborder la saison en Ligue 1 et essayer de faire une bonne saison. Il devra jouer son atout car on sait qu'il va avoir de la concurrence et qu'il devra gagner sa place. Ce ne sera pas facile donc il faudra revenir avec beaucoup d'envie, sans se poser de question et jouer au service de l'équipe car c'est ce qui passe d'abord. On évite de se projeter car on ne sait jamais ce qui peut se passer. La seule chose qu'on peut savoir, c'est qu'il va recommencer l'entraînement bientôt et qu'il devra être prêt.


En tant qu'ancien footballeur, est-ce une satisfaction de voir vos trois fils footballeurs professionnels ?


En tant que papa surtout ! On ne peut qu'être fier car ils ont suivi ce que je faisais auparavant. On est donc toujours restés dans le foot et entre nous, c'est fou : on passe des journées à regarder des vidéos de foot, on parle de toute l'actualité du football... J'avoue que c'est une fierté parce que je suis amoureux du football, j'ai vécu du football et je suis dedans en permanence. Et avec les garçons, cela me donne un autre regard sur ce métier. Je parle beaucoup avec eux, je les encourage. On se dit les choses, quand ça ne va pas pour l'un on est tous derrière lui pour l'encourager. On fait toujours des débriefings où chacun dit ce qu'il pense, quand on parle d'un on le sublime pour qu'il se surpasse. On essaie de le mettre dans les meilleures conditions pour qu'il se donne à fond quand il est sur le terrain. C'est beaucoup de travail.


On parle dans l'actualité d'un retour à Lens de Kakuta, dont vous avez été l'agent. Seriez-vous heureux de le revoir à Lens cet été ?


On a parlé avec Charles de cette arrivée probable, peut-être certaine de Gaël. C'est un joueur de qualité, je l'ai toujours dit et j'étais le premier à travailler avec lui. C'est un super joueur qui, vu ses qualités, aurait pu faire beaucoup mieux mais j'espère qu'il arrivera à Lens et qu'il aidera cette équipe à rester en Ligue 1, voire plus. Gaël est un si bon joueur que, même pour Charles, ce sera une occasion d'apprendre de lui parce que Gaël est un joueur capable d'apporter ce plus qui fera chavirer Bollaert.

Je remercie Roger pour sa disponibilité.

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COUSIN Jean-Marc
COUSIN Jean-Marc
15. 5. 2020

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