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Interview de Nabil Djellit : "Muleka, c'est ce que j'appelle une bonne pioche"

#INTERVIEW - Journaliste pour France Football et L'Equipe, Nabil Djellit a accepté de me parler de Jackson Muleka, qu'il annonce comme une piste sérieuse pour le RC Lens. On parle également de sa passion pour le foot.


Pourquoi journaliste sportif ?


Cela s'est fait naturellement. J'ai toujours aimé le foot mais je ne m'étais pas dit que je serai un jour journaliste sportif. J'ai fait un bac+5 en histoire contemporaine donc j'étais destiné à des métiers dans l'éducation ou la recherche. Puis je suis rentré à France Football pour faire des résultats et de fil en aiguille j'ai commencé à faire des guides de la saison de Ligue 1 et de Ligue des Champions. C'est un travail assez titanesque mais très formateur car ça te permet de connaître les joueurs, les mouvements... Comme j'aime le foot, ça rejoignait ma passion. Puis j'ai commencé à faire un peu de télé et de radio et je travaille aujourd'hui sur plusieurs supports dont France Football, L'Equipe, La Chaîne L'Equipe, RFI et Europe 1.


T'attendais-tu à faire de la télé un jour ?


Avant d'être sur La Chaîne l'Equipe, j'étais sur une chaîne qui s'appelle Game One où je faisais des émissions sur les jeux vidéos. J'avais donc déjà une expérience télé. Mais ce qui m'intéressait au départ c'était le foot, pas la télé, et c'est d'ailleurs le foot qui m'a amené à la télé et à la radio. Je n'avais pas pour projet de faire de la télé. Mon métier n'est pas de faire de la télé mais d'être journaliste sportif. La télé, c'est bien car ça apporte de la visibilité et j'aime bien ça car j'ai ma personnalité. Mais ce n'est pas une fin en soi pour moi.


Tu fais un métier dans lequel tu es souvent critiqué. Comment le vis-tu ?


Les critiques ne me dérangent pas du tout, elles sont parfois même intéressantes. Sur France Football et l'Equipe, je fais mon travail alors que sur Twitter je suis libre. Si j'ai envie de déconner, je déconne. Je n'oblige personne à me suivre. Tu peux ne pas être d'accord avec moi, il n'y a pas de problème. Mais si les gens sont méchants avec moi, tant pis pour eux. En revanche, ce qui est certain, c'est que si j'ai envie de dire quelque chose je le ferai. On a la chance extraordinaire d'être dans un pays libre, ce qui n'est pas le cas de tous les pays. J'ai été dans d'autres pays où les journalistes n'avaient pas les mêmes droits que nous. On a le droit de ne pas être d'accord et d'émettre des critiques, mais je pense que ça ne doit pas remettre en cause la liberté d'expression.


Tu es souvent assimilé au foot africain, à Slimani ou Mahrez. Est-ce une chose qui te dérange ?


Je suis assimilé comme ça sur Twitter parce que quand je suis à L'Equipe ou à France Football, je parle de la même manière de tous les clubs. Les gens m'assimilent à ce qu'ils veulent, je ne cache pas ce que je suis et c'est une fierté pour moi d'avoir cette spécificité-là. J'ai grandi dans une famille algérienne et entre le football et les origines, il n'y a pas de frontière. J'ai commencé par travailler dans le foot africain car j'aimais ça et que je regardais des matchs. J'ai l'impression qu'être spécialiste de l'Afrique dérange plus que lorsqu'on est spécialiste de l'Allemagne ou de l'Italie. Quand je m'emballe pour un joueur qui joue en D1 algérienne ou marocaine, je n'oblige pas les gens à me suivre. Donc je pense que c'est plus une richesse, que ça te permet aussi d'élargir ton réseau et de voir ce qui se passe ailleurs.


Je souhaite te parler de ton article sur Jackson Muleka que tu annonces comme un "grand espoir". Peux-tu m'en dire plus sur ce joueur ?


C'est une piste très sérieuse pour le RC Lens. Le club est très intéressé et il y a déjà eu plusieurs discussions autour de lui. C'est un joueur intéressant qui évolue dans l'un des trois ou quatre meilleurs clubs africains, le TP Mazembe, qui récupère généralement les meilleurs talents d'Afrique subsaharienne. C'est un attaquant mobile avec une grosse frappe et qui peut jouer sur tout le front de l'attaque. Ce serait une bonne idée pour lui de venir à Lens car c'est un club qui a une assise populaire énorme et la caisse de résonance sera plus grande que s'il allait à Dijon ou à Brest, sans manquer de respect à ces clubs. Il a d'énormes qualités mais je ne connais pas suffisamment son état d'esprit pour dire jusqu'où il peut aller. Mais c'est le meilleur buteur de la Ligue des Champions africaine donc c'est ce que j'appelle une bonne pioche.


Achraf Bencharki, qui avait aussi réussi dans un championnat africain, a récemment échoué à Lens. Penses-tu qu'il réussira mieux ?


Ça dépend de chaque joueur et de son ambition. Achraf Bencharki était arrivé un peu plus âgé, à 24 ans, et il était passé par le Maroc et l'Arabie Saoudite. Là, il flambe avec le Zamalek et son nom circule de nouveau dans les championnats européens même si je le vois plutôt partir dans le Golfe. Jackson Muleka a un autre profil et je pense que c'est quelqu'un qui va construire sa carrière en Europe. Mais c'est difficile de comparer les deux.


Ce sont deux joueurs qui ont réussi sur le continent africain. L'Europe est une marche à franchir ?


Ce n'est pas toujours une question de talent. Pour ces joueurs-là, ce n'est pas le talent mais le contexte et le temps d'adaptation à de nouvelles exigences qui jouent. Le mental joue beaucoup aussi. Des joueurs qui sont venus comme Bencharki ont réussi. Slimani par exemple était moins bien côté que ces deux-là et regarde le joueur qu'il est aujourd'hui. Il y a des exemples qui n'ont pas marché mais aussi d'autres qui marchent. Jackson Muleka, tu ne vas pas le payer dix millions d'euros donc ça reste un pari. Dans l'histoire, il y a énormément de joueurs africains qui ont réussi en France. On a été cherché des joueurs comme George Weah, Salif Keita et le RC Lens a aussi déjà recruté en Afrique.


Justement, Lens a révélé plusieurs joueurs recrutés en Afrique dans le passé. Le club a-t-il la côte sur le continent africain grâce à ça ?


C'est un club qu'on connaît en Afrique. Dans l'histoire, Ahmed Oudjani est l'un des plus grands buteurs de Lens donc on le connaît en Algérie. C'est un club dans lequel beaucoup d'Africains ont joué donc oui, c'est un club connu. Pas autant que l'OM au Sénégal par exemple mais Lens fait partie des noms connus en Afrique.


Si tu devais comparer Muleka à un joueur connu, ce serait qui ?


(il réfléchit) Je ne l'ai pas vu assez jouer mais il va vite, il frappe fort et je trouve que ce n'est pas un ailier mais plutôt un neuf mobile. C'est difficile de trouver un nom mais je pense que c'est un joueur qui ressemble à Cédric Bakambu. Ce genre de joueur.


Lens va certainement chercher à se renforcer avec un vrai numéro neuf. Peut-il être ce buteur ?


Moi, je l'utiliserai à deux devant ou sur un côté même s'il peut aussi jouer seul devant. Mais je pense que Lens ne confiera pas tout de suite le poste de numéro neuf à un joueur qui n'a aucune expérience en Europe et en Ligue 1. En revanche, c'est un joueur qu'ils peuvent développer tranquillement et qui peut être une bonne surprise. C'est en tout cas comme ça que je le vois. Je pense que Lens ira peut-être sur un profil plus expérimenté pour se rassurer.


Tu évoques un intérêt de clubs belges, égyptiens et turcs également. Quelle est donc la probabilité de le voir arriver à Lens ?


Tout ce que je sais, c'est que le club le plus chaud en France est le RC Lens. Mis à part Lens, il y a des clubs égyptiens avec Al Ahly et Zamalek mais je ne pense pas que le TP Mazembe le vendra là-bas, surtout que son objectif est d'entamer une carrière en Europe. C'est le rêve de beaucoup de joueurs africains. Aujourd'hui, le club le plus chaud est le Racing Club de Lens mais il y a toujours des choses qu'on ne maîtrise pas donc c'est difficile de dire si ça se fera.

Crédit : Léopard Leader Foot

Je remercie Nabil pour sa gentillesse !

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