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Interview de Mohamed Fofana : "J'aurais aimé laisser une bonne image à Lens"

INTERVIEW - Formé à Toulouse, Mohamed Fofana est passé par Reims et Lens. Depuis la fin de sa carrière, il est revenu au Stade de Reims où il est entraîneur adjoint de l'équipe réserve.


Tu as débuté à Toulouse où tu as découvert les compétitions européennes. Jouer l’Europe est-il le meilleur moment de ta carrière ?


Ce sont de grands souvenirs même si j’ai d’autres matchs en tête, notamment à Reims. Mais c’est sûr que ce sont les moments les plus forts de ma carrière. On touche le top du football, c'est ce qu'on rêve de jouer depuis qu’on est petit. Donc le match de tour préliminaire de Ligue des Champions contre Liverpool, c’est le summum de ma carrière.


En 2017, même si tu ne joues pas, tu vis la non-montée en Ligue 1 du RC Lens. Est-ce un souvenir douloureux ?


Cela reste une grande déception car, quand j’ai signé au RC Lens, tout le monde n’avait que ça en bouche, il fallait monter en Ligue 1. Au-delà de la non-montée, j’ai surtout été déçu par ma saison personnelle car je n’ai pas beaucoup joué et me suis beaucoup blessé. Cela a été très difficile. J’ai essayé d’apporter quand même ma contribution dans la vie de groupe. Ça a été une grande déception mais ma plus grande déception reste le fait que je n’ai pas pu apporter ce que j’aurais voulu.


La saison suivante, tu ne joues pas du tout et l’équipe joue le maintien. Comment vis-tu cet exercice 2017-2018 ?


Ça a été dur également. On est passés d’un extrême à l’autre, d’une saison où on ne monte pas de peu à une saison où on est en difficulté. Je pense que ça a été dû à la déception de la première saison. Avec l’équipe qu’on avait, c’est inexplicable qu’on ait joué le maintien. On a fait beaucoup de réunions entre nous, on a beaucoup parlé pour trouver des solutions. Cela a été compliqué à trouver et on n'a d'ailleurs jamais trouvé la raison pour laquelle on a été amené à faire ce genre de saison. Ça a été éprouvant surtout que le public s’était retourné contre nous. Mais on pouvait le comprendre car les résultats n’étaient pas dignes d’un club comme le RC Lens.


La non-montée a-t-elle eu un impact sur vos prestations lors de cette saison ?


Je pense. Il y a beaucoup de joueurs qui étaient en-dessous de leur niveau par rapport à la saison précédente et la montée en Ligue 1 était tellement un objectif pour l’ensemble du club que le fait de ne pas monter, avec les circonstances (but d’Amiens à Reims à la 90+6', ndr), a été très difficile à vivre. On l’a tous mal vécu, certains étaient en pleurs. Il faut dire que ça a été vraiment mal digéré. C’est vraiment dur de trouver une explication à tout ça mais je pense que le fait de ne pas être monté la saison d’avant a pu jouer.


Le club a pris la décision de te laisser de côté même quand l'équipe allait mal. As-tu compris qu'on puisse se passer de toi ?


J'ai pu comprendre. Les coachs et le club ont toujours été clairs avec moi. Après, être d’accord avec les décisions et les comprendre, ce sont deux choses différentes. La décision a été prise essentiellement à cause de ma première saison. Alain Casanova a toujours été franc et il m'a fait comprendre que le club voulait se séparer de moi. Il m'a invité à chercher un nouveau projet mais quand on a plus de 30 ans et qu'on a été blessé, il est compliqué de trouver un club. Donc je suis resté avec l'envie de me battre pour retrouver ma place. Mais j'ai vite compris que le club resterait sur ses positions. Il ne voulait pas me faire confiance et des jeunes comme Duverne ou Bianda commençaient à éclore donc je pouvais comprendre qu'ils rentraient plus dans le projet. Ils représentaient l'avenir du club, ce qui n'était pas mon cas.

Pendant deux saisons, Mohamed Fofana n'a quasiment pas joué au RC Lens - Alex C.

As-tu un regret d’avoir terminé ta carrière de cette manière ?


Complètement. J'avais des grandes ambitions en arrivant à Lens. J'étais en fin de contrat avec le Stade de Reims, qui descendait en Ligue 2, donc j'étais entre ces deux projets. Quand le RC Lens s'est présenté avec ce projet de remontée, c'était une opportunité exceptionnelle. J'avais joué à Lens pas mal de fois en Ligue 1 et je connaissais l'ambiance de Bollaert donc je considérais le fait de faire remonter le club avec ce public comme un dernier gros challenge. C'est un regret. J'ai laissé une bonne image à Toulouse et à Reims donc j'aurais aimé laisser une bonne image à Lens. J'ai laissé une bonne image humainement, c'est déjà ça. Malgré tout, je ne regrette pas d'avoir signé à Lens. J'ai eu la chance de côtoyer des partenaires exceptionnels et des personnes extraordinaires au sein du club.


Lens retrouve la Ligue 1. As-tu continué à suivre le club ?


Oui, bien-sûr. Le RC Lens est un club que je continuerai à suivre. J'en garde de bons souvenirs malgré tout et il y a des personnes que j'ai côtoyées qui travaillent encore là-bas donc je suis vraiment content que le club retrouve la Ligue 1. Je pense que beaucoup de joueurs de Ligue 1 seront contents de jouer à Bollaert. C'est bien que le club remonte en Ligue 1 car c'est sa place.


A l’inverse, Toulouse descend en Ligue 2. Toi qui y es formé, comment as-tu vécu cette relégation ?


Ce n’est pas facile car c’est mon club formateur et que j’y ai passé de très bons moments. La saison a quand même été très difficile pour eux. Même s’il restait dix matchs à jouer, ils n’en ont pas gagné beaucoup et je pense que vue la dynamique ils s’engouffraient tout droit vers la Ligue 2. C’était inévitable. On va voir ce que la Fédération va décider par rapport à la décision du Conseil d’Etat, mais le club va être vendu à un nouveau propriétaire et un nouveau souffle va arriver. Une nouvelle ère va commencer et je pense que le club en a besoin.


Avais-tu prévu d’arrêter ta carrière si tôt ?


Non. Je n’avais pas vraiment de plan de carrière. Lors de ma première année à Lens, mes blessures ont fait que j'ai cherché un autre projet. Il me restait un an de contrat, j'étais sur l'année de mes 33 ans alors forcément on cogite. Lors de ma deuxième saison, c'était soit je retrouvais mon niveau pour redonner un souffle à ma carrière, soit je ne jouais pas pour la deuxième année d'affilée et je savais qu'il serait difficile de retrouver un projet. En anticipant cette possibilité, je me suis rapproché des dirigeants de Reims. J'ai gardé de très bon rapports avec eux et, étant joueur, on discutait déjà d'une reconversion. Ce qui a été bien, c'est qu'on a gagné une saison pour réfléchir et aujourd'hui je suis dans un projet qui me plaît et qui me correspond totalement.


Quels sont tes objectifs comme entraîneur ?


Je n’ai pas vraiment d’objectif. Je suis dans la découverte, l’apprentissage. J’entame ma troisième saison avec l’équipe réserve et je sens que j’ai déjà progressé. Sincèrement, ce rôle d’adjoint me convient. Beaucoup me posent la question de savoir si j’entraînerai un jour plus haut mais je suis très content de mon rôle. J’ai trouvé ma place. Je continue à passer mes diplômes mais je ne me prends pas la tête, je verrai plus tard en fonction des opportunités.


Comment vis-tu ton rôle auprès des jeunes joueurs du Stade de Reims, est-ce un plus d’avoir connu une carrière professionnelle ?


Je le vis très bien parce que la relation que j’ai avec les joueurs, c’est un peu la même que j’avais avec mes coéquipiers quand j’étais joueur. Je suis proche d’eux et c’est ce qui me plait. J'ai cette proximité avec eux qui leur permet de se confier. Ils vont me dire des choses qu'ils n'oseront peut-être pas dire au coach car il y a une relation de confiance entre eux et moi. J'ai toujours aimé apporter mon soutien aux joueurs et, comme c'est ce que je faisais déjà étant joueur, c'est une continuité. Je pense que j'ai une certaine légitimité, mais la légitimité se prouve sur le terrain. Il faut des compétences et ces compétences, je suis justement en train de les acquérir.


La préparation va être particulière. Comment va-t-elle se passer ?


Elle sera différente des années précédentes. Presque quatre mois se sont écoulés depuis notre dernier match, ce qui ne m'était jamais arrivé dans ma carrière. Les joueurs continuent de s'entretenir, on a fait des séances collectives en visio mais c'était surtout du renforcement musculaire. Sur le terrain, les joueurs n'ont pas touché un ballon depuis quatre mois donc on va reprendre progressivement. On fera une batterie de tests à la reprise et on va adapter un protocole comme si les joueurs avaient été blessés. Le premier match amical sera un mois après la reprise, ce qui est beaucoup plus tard que d'habitude.


Le Stade de Reims fait confiance aux jeunes. As-tu un rôle à jouer dans la transition entre l’équipe réserve et l’équipe première ?


Oui, complètement. Les jeunes ont une place importante dans le nouveau projet du club. C’est quelque chose qui n’était pas mis en place à l’époque où je jouais. Notre groupe n’est pas une équipe réserve classique, c’est une équipe pro 2 puisque les jeunes qui sont avec nous ont un contrat professionnel. On a un staff étoffé donc le but est vraiment la progression du joueur. Deux fois par semaine, on a des créneaux spécifiques pour faire travailler les joueurs individuellement. L’objectif est de réduire l’écart entre le groupe Ligue 1 ce groupe 2. L’idée est que le joueur soit prêt quand il accède au groupe professionnel.

Mohamed Fofana au Stade de Reims - L'Hebdo du Vendredi

Je remercie Mohamed pour sa gentillesse et sa disponibilité.

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