#Interview - Ce sera l'une des attractions du 7e tour de Coupe de France. Club de régionale 2, l'ASI Mûrs-Erigné s'apprête à affronter le Stade Malherbe de Caen, pensionnaire de Ligue 2. Conscient du monde d'écart entre les deux formations, le capitaine érimurois Matthieu Martin dresse une présentation de ce club familial. Interview.
Peux-tu revenir sur ton parcours de footballeur ?
J'ai fait mon parcours jeune à Angers SCO. Par la suite, il y a eu certaines directives pour conserver les jeunes, c'est-à-dire qu'il fallait des joueurs assez grands, physiques ou compétitifs et moi j'étais plus dans la partie petit, dynamique et tactique. J'ai arrêté le foot un moment puis j'ai repris par le biais de mon papa qui avait une équipe à l'ES Layon. Ensuite mon papa a changé de club, il est parti à Saint-Barthélémy donc je l'ai suivi, pour des raisons personnelles mais aussi professionnelles. A Saint-Barthélémy, j'ai été repéré par l'Intrépide d'Angers qui évoluait en R2. On est montés en DH puis je suis venu à Mûrs-Erigné en suivant les copains.
Tu as donc été formé au SCO. Est-ce un regret de ne pas avoir pu devenir professionnel ?
Je ne dirais pas que c'est un regret. Quand on est jeune, c'est un rêve de gosse et on est compétiteur donc on veut jouer plus haut. Mais quand on grandit, on se rend compte que c'est quelque chose de difficile parce qu'il y a beaucoup de monde. J'ai vécu pleinement ce que j'avais à vivre et ça m'a permis de vivre les choses que je vis actuellement, que ce soit avec ma famille, mes amis ou mon métier. Ça aurait été la cerise sur le gâteau si j'avais pu devenir pro, mais ce n'est pas un regret.
Suis-tu toujours le SCO, et de manière générale suis-tu le football ?
Bien-sûr qu'on regarde ce que fait le SCO. C'est l'équipe qui représente notre région donc on est super contents de voir Angers évoluer en Ligue 1. On espère qu'ils y évolueront encore longtemps car ça donne envie aux jeunes de jouer au foot. On les suit, même si c'est de plus loin qu'avant.
Dans la vie de tous les jours, tu es chargé de communication en entreprise. Comment gères-tu ta vie sportive et professionnelle ?
Aujourd'hui, c'est simple car on n'a que deux entraînements par semaine. Avant, quand j'évoluais plus haut, j'avais trois à quatre entraînements. Cela se gère parfaitement, c'est même un plaisir d'aller jouer avec les copains. En tant que capitaine, c'est aussi un devoir puisqu'il faut montrer l'exemple.
La magie de la Coupe permet à des joueurs qui n'ont pas pu devenir professionnels de jouer contre des équipes professionnelles comme le SM Caen. Comment allez-vous l'aborder ?
C'est un rêve de gosse, on touche le Graal. On sait que c'est une Ligue 2 donc on n'a aucune prétention de dire qu'on voudra gagner mais on va se donner à 2000%. Pour le club, c'est une vraie joie car il fête ses 70 ans cette année donc on est contents de contribuer à cette fête-là. C'est une fierté pour un club associatif comme le nôtre de pouvoir créer cet événement. Pour les supporters qui nous suivent tous les weekends, c'est aussi une réelle fête. Et nous, en tant que joueurs, on est heureux et fiers car ce genre de match ne se joue pas tous les jours.
On vous a vus très heureux du tirage sur les réseaux sociaux du club. La question qu'on peut se poser, c'est est-ce qu'il ne valait pas mieux jouer une plus petite équipe pour espérer passer encore un tour ?
Le 7e tour, le club et certains joueurs de l'équipe ne l'ont jamais vécu. En tapant une Ligue 2, on se dit que la fête est au complet parce qu'on se dit qu'en jouant une équipe de notre niveau, on ne parlera pas de nous si on perd. Là, clairement, on va vivre un truc magique. On a eu quelques discussions entre nous et on s'est dit qu'affronter une équipe de notre niveau ne nous apportera rien humainement. Il aurait fallu passer encore quelques tours pour être sûrs d'affronter une équipe de Ligue 2, tout en sachant qu'il reste encore des très belles équipes de National. Donc on est vraiment très contents que ce soit une Ligue 2 pour que la fête puisse être à son maximum.
Caen, ce n'est pas n'importe quelle équipe de Ligue 2 puisqu'elle jouait encore en Ligue 1 la saison dernière. Quel regard portes-tu sur cette équipe ?
C'est exactement ce qu'on s'est dit avec les gars. C'est une ancienne Ligue 1 donc il y a beaucoup de respect pour eux. Il y a aussi Pascal Dupraz, un très bon entraîneur, qui est l'une des grandes figures des coachs français. On a à cœur de les recevoir et de faire la fête mais aussi de répondre présents sur le match parce qu'on veut faire bonne figure et ne pas prendre une valise. On n'est que des amateurs mais on est compétiteurs et on veut faire un bon résultat. Si la magie de la Coupe répond présent, on est preneurs, ça peut marquer les esprits.
Dans quelle forme êtes-vous ? Comment se passe votre début de saison ?
Le début de saison se passe très bien. On a un groupe qui vit très bien quelle que soit l'équipe. On est une famille puisqu'on a un groupe élargi avec des joueurs de l'équipe 2 qui peuvent très bien jouer en équipe première. Nous, l'équipe première, on est deuxièmes du championnat avec une défaite à notre actif dans un match que l'on aurait dû ne pas perdre. On s'est fixé des objectifs en début de saison et on n'oublie pas qu'il y a le championnat ce weekend et la semaine prochaine avant la Coupe de France. On se prépare avec notre coach qui, ne mâchons pas nos mots, est formidable, et avec les autres entraîneurs qui sont là à chaque entraînement. On va essayer de les remercier en étant toujours présents en Coupe de France.
La Coupe de France est une tout autre compétition avec un destin qui n'est jamais lié au championnat. Sur quoi allez-vous vous appuyer pour préparer ce match ?
Je pense que c'est un travail de fond. On a la chance d'avoir un coach super à l'écoute, avec des valeurs et qui nous fait travailler depuis trois ans. L'année passée, on a eu la chance de faire un 6e tour de Coupe qu'on n'avait pas vraiment joué. Cette année, on s'est préparés différemment et on l'a gagné. C'est un tout. Quand je dis qu'on est une famille, ce sont des mots forts mais c'est vrai. Sur et en dehors du terrain, on est une bande de copains qui sont contents de se retrouver le mercredi, le vendredi, à la troisième mi-temps... (rire). On est un petit club sympa, qui aime faire la fête, jouer au foot et qui respecte tous ceux qui nous entourent car c'est le juste retour des choses.
En quoi ton rôle de capitaine est-il important pour toi ?
Mon rôle de capitaine, c'est une fierté car c'est agréable qu'un entraîneur te demande de l'être. C'est bien parce que les gars sont très réceptifs à tout ce que je peux dire. Il faut faire la part des choses entre les copains et le fait de devoir gagner le match. Je dirais que, en dehors du terrain, mon rôle est d'être comme tout le monde, de fédérer, faire la fête, être à l'écoute... Avant le match, je dois écouter attentivement le coach pour relayer les consignes aux autres joueurs. Sur le terrain, c'est autre chose car il faut faire attention à l'arbitrage ou tempérer ses joueurs. C'est un rôle important mais chacun dans l'équipe a le sien donc même si j'ai le brassard, je suis au même niveau que les autres.
Dans ce genre d'événement, penses-tu avoir un rôle encore plus important ?
Je garderai le même état d'esprit. C'est un match comme les autres même si c'est une Ligue 2 en face. J'essayerai d'avoir des mots forts d'encouragement et de soutien. Pour le moment on se concentre sur le championnat, et forcément que le rôle sera plus décuplé la semaine qui précédera le match avec quelques pics pour faire monter la température. Mais je pense qu'il ne faut en aucun cas changer notre manière d'aborder ce match, il faut rester humbles et concentrés.
Ça se prépare, ce genre de discours ?
Je te cache pas que ça m'est déjà arrivé depuis le tirage de me demander ce que je vais dire avant le match. Mais en toute franchise et sans aucune prétention, on va prendre ce match quand il faudra le prendre parce qu'on a le championnat à jouer. On n'est qu'une R2 donc ce sera très compliqué d'aller au Stade de France (rire). Le principal sera de savoir se transcender le jour J.
Si tu devais présenter les caractéristiques de ton équipe, que dirais-tu ?
Je vais redire la même chose mais on est une famille. C'est-à-dire qu'on est un bloc équipe soudé et qu'on travaille tous les uns pour les autres. Quand un copain fait une erreur, un autre est là pour la rattraper. Notre coach Olivier Polard essaie de faire en sorte qu'on travaille tous ensemble sur le travail défensif et offensif. C'est cet état d'esprit et notre humilité qui fait que le groupe vit bien et gagne les matchs. On va tout donner pendant quatre-vingt-dix minutes, voire cent-vingt si c'est comme lors du tour précédant.
Est-ce que cet état d'esprit, ce n'est pas ce qui peut faire la différence dans un match de Coupe de France ?
Franchement, on n'a pas cette prétention là. Depuis le tirage, on vit un rêve mais on reste à notre place car on sait ce qui peut nous arriver. Maintenant, on a déjà vu des petits poucets faire des exploits en Coupe de France donc pourquoi pas. Au contraire, si on peut faire vivre un tel exploit au club et aux supporters, ce sera avec grand plaisir. Mais c'est une Ligue 2, ça va aller dans tous les sens d'autant plus qu'on va jouer sur un grand terrain à Raymond-Kopa. D'ailleurs, merci au SCO d'Angers et Saïd Chabane de nous prêter le stade car ça arrive rarement dans une carrière de footballeur amateur de pouvoir jouer dans un stade pareil. L'idée, c'est de prendre du plaisir et surtout de ne pas prendre une rouste. On va tout faire pour rester à 0-0 et si la chance le permet, marquer sur un coup-franc ou une contre-attaque.
Tu évoques Raymond-Kopa, qui va permettre d'accueillir plus de monde mais qui n'est pas votre terrain habituel. Cela peut-il influer sur le match ?
Ce ne sera pas pareil qu'à Mûrs-Erigné mais on savait qu'en tapant une Ligue 2 on ne pourrait pas jouer chez nous. Pour vivre le truc à fond, c'était bien de le faire à Raymond-Kopa. On sait parfaitement que le terrain sera beaucoup plus grand, qu'on va affronter des joueurs professionnels qui sont habitués à ce genre de terrain et qui nous feront pas de cadeau. On a conscience que le terrain va nous mettre en difficulté et il faudra que notre bloc soit encore plus costaud. Ce sera le match le plus long de notre vie mais on va tout faire pour faire plaisir à nos supporters qui nous suivent depuis plusieurs années. Puis Angers n'est pas très loin donc la fête sera présente.
On n'y est pas encore, mais sens-tu qu'il y a un certain engouement qui se crée autour du club ?
Totalement. Déjà depuis dimanche et la qualification contre Changé. Le bureau a fait un travail monstrueux pour que ce 6e tour soit exceptionnel. Il y a eu ce fameux tirage mercredi matin qu'on suivait alors que certains étaient au travail et dès qu'on a su que c'était Caen, les téléphones n'ont pas arrêté de sonner. Mercredi soir, on s'est tous retrouvés pour fêter le tirage donc l'engouement est là, on n'en revenait même pratiquement pas. Jeudi soir, on s'est entraînés et on en a tous parlé mais le coach a été clair : oui c'est un beau tirage, mais il y a le championnat. Une fois que c'était dit, j'étais dans mon entraînement pour le match de dimanche contre Mayenne.
Quand on n'a pas l'habitude ce genre d'événement, n'y a-t-il pas une légère pression qui s'exerce en vous compte tenu du monde qui sera au stade et de l'engouement autour du match ?
Sincèrement, pour le moment en tout cas, on a zéro pression. Pourquoi se mettre la pression maintenant ? Le match est dans quinze jours donc la pression va monter au fur et à mesure où on va avancer dans le temps. Là, on est euphoriques par rapport au tirage mais ça redescend vite parce qu'on a un travail, donc on pense surtout à ça. On en a parlé évidemment, on a même regardé des trucs sur Caen ensemble. Pour l'instant, on en rigole, on se dit qu'ils vont être surpris quand ils vont venir nous voir. Là, du fait de l'engouement, un gars du club a ouvert un compte Twitter parce qu'un compte sur Caen s'est dit "ils n'ont même pas de compte Twitter" (rire).
Il n'y a même pas un peu de pression au club ?
Je pense que la pression est plus sur le bureau qui est en train de tout organiser et merci à eux parce que c'est vraiment beaucoup de travail. Ils avaient déjà fait un travail du feu de dieu lors du 6e tour avec un buffet, des interviews d'après-matchs avec les supporters parce que c'est important aussi. Et eux ont peut-être un peu la pression parce qu'ils ont été voir Monsieur Chabane pour avoir le stade mais pour ce genre de match, il faut les CRS, les bénévoles... C'est énormément de travail. La vie de club est super importante et on remercie grandement le bureau et les entraîneurs pour le travail qu'ils font.
Tu as dit que vous aviez regardé des "trucs sur Caen". Attends-tu personnellement d'affronter un joueur en particulier ?
Justement, on en a discuté ensemble et on disait justement que leur défenseur qui a pris un carton ne sera pas là. On a rigolé parce qu'on s'est dit "voilà, un bon joueur en moins". C'est rigolo parce qu'on sait très bien que celui qui le remplacera sera tout aussi fort (rire)
Merci à Matthieu Martin pour sa gentillesse et sa disponibilité ainsi qu'à l'ASI Mûrs-Erigné pour cette interview.
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