#INTERVIEW - Journaliste pour Canal+, Ludovic Duchesne commente depuis de nombreuses années les matchs des championnats français. Aux commentaires de la Ligue 1 notamment, il s'est découvert depuis quelques années une autre passion : les interviews en bord terrain.
Pourquoi journaliste sportif ?
C'est vraiment par passion. J'ai longtemps joué au foot à Corbeil-Essonnes, qui était en Ligue 2 à l'époque d'Oswaldo Piazza. Après, quand j'ai décroché du foot je me suis juste demandé ce que j'aimerais faire dans la vie et comme ce que j'aime le plus est le sport - parce qu'il n'y a pas que le foot - je me suis dirigé assez naturellement vers le journalisme.
Un joueur ou un événement vous a-t-il donné envie de faire ce métier ?
J'étais un mordu donc je regardais tout ce que je pouvais regarder. Une anecdote qui me caractérise parce que j'ai gardé ce club dans mon cœur : je suis né en 1970 durant les années de la grande rivalité entre Saint-Etienne et Nantes. A l'époque toute la France était verte, j'avais déjà cet esprit de contradiction et je me suis dit "puisque tout le monde supporte Saint-Etienne, moi, je vais supporter Nantes". Je suis donc devenu supporter de Nantes tout gamin et dès que je suis devenu journaliste, j'ai fait mes premiers reportages à Nantes. J'ai notamment eu la chance d'interviewer Jean-Claude Suaudeau qui était pour moi une grande référence. Aujourd'hui, quand je vais à La Jonelière ou à La Beaujoire, je suis chez moi. Je suis proche des dirigeants et j'ai d'ailleurs fait le DVD des 40 ans du club en Ligue 1. Ce club est particulier ; j'aime ce club, j'aime ce maillot, il y a une ambiance incroyable et c'est ce qui m'a donné la passion du foot et l'envie d'en faire mon métier.
Vous commentez mais êtes aussi en bord terrain. Que préférez-vous ?
J'ai fait principalement des commentaires pendant très longtemps et j'ai découvert les interviews sur le tard. J'en ai fait notamment pour le Canal Football Club parce que j'ai suivi pendant deux ans l'Olympique de Marseille. J'ai suivi le club notamment à l'époque Bielsa donc j'ai interviewé pratiquement toute l'équipe : Imbula, Payet, Mandanda, Fanni... C'est notamment moi qui avais fait l'interview exclusive de Thauvin à son départ de Lille pour Marseille. C'est un exercice qui m'a profondément intéressé, dans lequel je m'éclate puis j'en suis venu à demander à faire des interviews bord terrain et aujourd'hui je prends autant de plaisir, si ce n'est plus, à interviewer qu'à commenter. Je prends un plaisir fou à être proche des entraîneurs et des bancs de touche, ce que je fais beaucoup sur la Ligue 2. L'un de va pas sans l'autre alors j'adore faire les deux. C'est limite un métier différent que j'ai découvert sur la deuxième partie de ma carrière et je suis vraiment passionné.
Votre métier est exposé à des critiques. Vous affectent-elles et changent-elles quelque chose dans votre façon d'exercer ?
Non, non. Cela ne change rien et heureusement. La critique est normale parce qu'on fait un métier public, on passe à la télé. Tous les gens ont une opinion foot donc ça ne me dérange pas. Lorsque vous êtes journaliste, vous avez un rédacteur en chef. C'est lui qui prend la responsabilité de vous corriger et de vous faire évoluer. Personnellement, je suis assez épargné par les critiques, que ce soit dans la rue ou dans les stades. Je reçois beaucoup de messages positifs et rencontre beaucoup de personnes d'une grande gentillesse. C'est un vrai bonheur de prendre du temps pour discuter avec les gens qui m'interpellent, je reçois beaucoup de compliments et de remerciements qui me touchent au plus profond. J'ai une certaine expérience donc maintenant, quand je vais sur les stades, les gens me connaissent et me reconnaissent donc on peut échanger. J'accepte les critiques.
Vous ne commentez que le football français sur Canal+. Pourquoi ce choix ?
J'ai commenté du foot anglais sur TPS pendant plusieurs années. D'ailleurs, quand je suis arrivé sur Canal je voulais continuer à commenter du foot anglais mais le patron, Cyril Linette (ancien directeur des sports de Canal+, ndr), me voyait principalement dans le commentaire de la Ligue 1. Il avait raison, c'est là que je me suis épanoui. Au fil des années, j'ai fait des rencontres avec des présidents, j'ai vu des joueurs comme Mickaël Landreau démarrer, évoluer en Equipe de France, devenir entraîneur et consultant. Ça crée un lien incroyable car vous suivez la carrière de joueurs emblématiques en même temps que la votre. Je connais certains jardiniers, des personnes qui font la sécurité, d'autres qui sont intendants comme Freddy Vandekerkhove à Sochaux. Ce sont des gens exceptionnels, tout comme certains arbitres qui sont devenus des copains. Je pense qu'on est assez privilégiés en France parce qu'on peut encore toucher ces gens-là. En Premier League, vous ne voyez les joueurs que de loin et n'avez le droit d'avoir en interview que l'entraîneur et un joueur quand le club est content du résultat. En France, on a encore le droit d'aller partout, de parler à tout le monde et c'est cette ouverture d'esprit que j'aime dans le football français.
Dans cette période difficile, quelle part du métier vous manque le plus ?
C'est d'exercer ma passion, aller sur les stades, retrouver les joueurs, vivre des émotions... Mais je m'adapte, il faut savoir faire la part des choses. Ce n'est pas le plus important aujourd'hui donc je patiente et quand on nous dira de retourner sur les terrains je le ferai. Aujourd'hui la priorité n'est pas là. Ce n'est pas un manque, chaque chose en son temps. En ce moment les vedettes sont dans les hôpitaux alors on pense à eux, on est avec eux et je pense que le sport et ainsi mon métier sont secondaires.
L'année prochaine Canal+ n'aura plus la L2 et n'aura plus que deux rencontres de L1. Vous verra-t-on ailleurs ?
Non, ce sera assurément sur Canal. A mon grand regret, il n'y aura plus de Ligue 2 mais il y aura toujours la Ligue 1. On aura encore des émissions autour de la Ligue 1 puisqu'on garde deux matchs et je pense qu'on sera aussi sur les autres matchs. A Canal on travaille beaucoup avec Canal+ International, c'est-à-dire la diffusion de la Ligue 1 et d'autres compétitions en Afrique. Donc on sera peut-être aussi présents sur d'autres stades via Canal+ International. Mon souhait est de rester sur le foot français. C'est vrai que c'est très restreint mais c'est mon souhait donc normalement je serai encore sur la Ligue 1 la saison prochaine.
Je remercie Ludovic pour sa gentillesse et sa disponibilité.
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