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Interview de Kévin Boli : "Une fierté de jouer la Ligue Europa"

#INTERVIEW - Issu d'une grande famille de footballeurs, Kévin Boli connaît comme son père Roger une carrière de footballeur. Passé par le RC Lens et Sedan en France, il a découvert cette saison la Ligue Europa sous le maillot du CFR Cluj.


Quel rôle joue ton père dans ta carrière ?


J'ai toujours été attiré par le football, dès tout petit. Mes deux parents jouent un rôle très important dans ma carrière. Comme tout parent, ils me conseillaient et me remontaient les bretelles quand ça n'allait pas. Ils ont toujours été francs avec moi, ils me disent quand j'ai été bon mais ils n'hésitent pas à me dire "tu as été mauvais" quand je l'ai été et ça m'a permis de toujours me remettre en question. Après, je pense que tout parent joue ce rôle avec son enfant que ce soit dans le football ou dans la vie de tous les jours.


Tu as lancé ta carrière à Sedan. Comment as-tu vécu le dépôt de bilan du club ?


C'était difficile, d'autant plus que c'était mon club formateur et qu'on avait été proche de monter en Ligue 1 la saison précédente. J'ai passé de très bonnes années là-bas donc c'était compliqué mais ce sont des choses qui arrivent dans le football. J'espère qu'ils arriveront à remonter à l'échelon supérieur en National pour revenir rapidement dans le monde professionnel.


Tu as rebondi à Mouscron où tu as connu la montée en première division. Quel souvenir gardes-tu de ton expérience en Belgique ?


C'était une belle expérience. Je quittais Sedan pour la deuxième division belge alors, au début, je n'étais pas très chaud même si je n'avais pas beaucoup d'autres choix. Mais finalement le club avait un beau projet, Mouscron était en partenariat avec le LOSC donc on s'entraînait à Luchin (centre d'entraînement de Lille, ndr) et tout était réuni pour qu'on fasse une grande saison. C'était difficile mais on est montés en première division puis on a réussi à se maintenir la saison suivante. J'en garde de bons souvenirs. J'ai beaucoup appris.


Au Viitorul Constanta, tu as été entraîné par Gheorghe Hagi. Qu'est-ce que cela fait d'être entraîné par un grand nom du football ?


Franchement, c'était incroyable. Hagi était un grand joueur, on l'appelait le "Maradona des Carpates" et quand je suis arrivé en Roumanie, c'était lui mon entraîneur. C'est quelqu'un qui a d'énormes connaissances du football, quelqu'un qui vit pour le football matin, midi et soir. J'ai tellement appris avec lui que je lui en serai reconnaissant tout au long de ma vie.


Tu as réalisé deux saisons pleines avec notamment le titre de champion en 2017. Est-ce ton meilleur souvenir ?


Le titre avec Viitorul, c'était vraiment incroyable. On avait terminé 5e la saison précédente et personne ne pensait qu'on pouvait gagner le titre. Il n'y avait que le coach qui croyait qu'on pouvait être champion. En début de saison, pendant ses causeries, il nous parlait toujours de titre et nous on se regardait et on se disait "qu'est-ce qu'il raconte ?" (rire). Et en fin de compte, au fur et à mesure, on a vu qu'on gagnait les matchs et qu'on était 1er sur la saison régulière. On a fait deux faux pas lors des playoffs mais on a réussi à récupérer la première place et à terminer champion à la dernière journée.


Tu joues notamment avec le Français Billel Omrani. Pourquoi les Français sont-ils autant attirés par la Roumanie ?


Il m'avait rejoint en Roumanie mais c'est moi qui l'ai rejoint à Cluj. Billel s'est bien relancé en Roumanie, il a gagné en maturité et il est maintenant prêt à aller dans un grand championnat. On voit que le championnat roumain peut faire du bien à certains joueurs. Moi, je me suis relancé et c'est un championnat qui a relancé d'autres joueurs.


Vu de la France et malgré les résultats de Cluj cette saison en Ligue Europa, le championnat roumain paraît assez faible...


Oui, bien-sûr. Il est plus faible que le championnat français. Cluj est une exception mais en général le championnat français est beaucoup plus élevé que le championnat roumain, on ne va pas se mentir. Après, on a pu faire quelque chose de bien en Europa League cette saison. Terminer 2e d'une poule avec la Lazio, le Celtic et Rennes, ce n'est pas anodin. On a gagné un match avec un peu de réussite mais on a gagné quatre matchs sur les six et on s'est fait sortir par Séville en 16e de finale sans avoir perdu donc même si le championnat est plus faible, il y a des équipes comme la nôtre qui peuvent rivaliser avec des bonnes équipes de Ligue 1.


Cela représente quoi de jouer un match de coupe d'Europe ?


C'est quelque chose d'énorme pour moi car je n'aurais jamais pensé jouer la Ligue Europa. Je la regardais à la télé et c'est une fierté pour un joueur de mon niveau de jouer la Ligue Europa contre le Celtic, la Lazio, Rennes dans des grands stades avec des ambiances de fou. Franchement, c'était kiffant !

Kévin Boli, numéro 21, au duel avec le Rennais Adrien Hunou (Crédit : Getty Images)
Kévin Boli, numéro 21, au duel avec le Rennais Adrien Hunou (Crédit : Getty Images)

Quand tu étais en Ligue 2 à Sedan, tu pensais un jour disputer un 16e de finale de C3 contre Séville ?


Non, pas du tout ! Mon ami Timothée Kolodziejczak a gagné trois fois la Ligue Europa quand il jouait à Séville et j'étais tellement content pour lui. Aujourd'hui, c'est moi qui la joue alors que je n'aurais jamais pensé la jouer un jour.


Avec Cluj, vous avez la possibilité de disputer la Ligue des Champions. Est-ce un objectif pour toi ?


Cette saison, j'étais reparti dans mon club en Chine (le Guizhou Hengfeng, ndr) lorsqu'ils ont joué les tours préliminaires de Ligue des Champions. J'ai donc suivi leur parcours à distance et ce qu'ils ont fait, c'est fou. Ils sont partis du premier tour et ils ont éliminé Astana, le Maccabi Tel Aviv, le Celtic et ils ont malheureusement perdu en barrage contre le Slavia Prague. Ça s'est joué à des détails mais ils étaient à deux doigts de jouer la Ligue des Champions, ce qui aurait été quelque chose d'exceptionnel.


Tu as connu une courte expérience en Chine, est-ce un regret ?


Non, je suis content d'y avoir été. C'était une belle expérience d'autant plus qu'il y avait un gros challenge avec le maintien à aller chercher. On n'a pas réussi à se maintenir même si on en était proche. Franchement, je n'ai aucun regret. J'ai bien aimé et je suis d'ailleurs sous contrat avec le club jusqu'en décembre 2020.


Comptes-tu rester en Chine la saison prochaine ou aimerais-tu rester à Cluj par exemple ?


Je suis encore sous contrat pendant six mois alors je ne sais pas encore comment ça va se passer. Je ne sais pas du tout pour l'instant alors je ne vais pas dire de bêtise.


Avec la crise actuelle, le championnat s'est arrêté mais devrait reprendre en juin. Comment vis-tu cette période et seras-tu prêt ?


Ils voudraient reprendre mi-juin jusqu'en juillet mais on ne sait pas encore comment ça va se passer. Je serai prêt, bien-sûr. C'est une période difficile pour tout le monde, pas seulement pour les sportifs. On a vu que l'être humain n'était rien face à ce virus qui nous fait tant de mal donc ça a été une grosse remise en question individuelle et collective qui nous a permis de voir où étaient nos priorités dans la vie. Maintenant on va reprendre petit à petit en groupe selon l'évolution de la pandémie. Et si on reprend le championnat mi-juin, cela laisse un bon petit mois pour se préparer. Je pense que c'est suffisant pour aller au terme de la saison.


Tu as joué en Ligue 2 jusqu'en 2013. Aimerais-tu revenir en France avant la fin de ta carrière ?


Pourquoi pas. La France est mon pays et ma famille habite là-bas donc si j'ai l'opportunité de revenir en France je reviendrai, surtout que c'est un meilleur championnat que le championnat roumain. Si j'ai l'opportunité, je ne dirai pas non.


Tu as débuté à Sedan mais tu es né à Lens. Quel est ton club de cœur ?


Avant de jouer à Sedan, j'ai été formé à Lens. Je suis né à Lens et j'allais au stade quand j'étais petit donc Lens est forcément mon club de cœur. Je suis forcément attaché aussi à Sedan puisque j'y suis resté de 2007 à 2013. J'ai été au centre de formation et j'ai joué avec les professionnels donc ça me rend triste que le club soit en National 2. J'espère qu'ils vont remonter au minimum en Ligue 2 dans les prochaines années.


Te fixes-tu des objectifs pour la suite de ta carrière ?


Oui, j'ai des objectifs individuels et collectifs. A court terme, l'objectif serait de remporter le championnat de Roumanie. Je ne sais pas comment se passera la saison prochaine mais j'aimerais évoluer. J'arrive sur mes 29 ans mais j'ai encore la pêche, j'aimerais bien accomplir des grandes choses à mon niveau. Maintenant, il faut s'en donner les moyens.

Je remercie Kévin pour ses réponses et sa disponibilité !

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