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Photo du rédacteurAlex

Interview de Jean Rességuié : "Cette formule de la Ligue des Champions, ce sera notre Euro 2020"

#INTERVIEW - Il est l'une des grandes voix du football. A la radio, Jano Rességuié commente des matchs sur RMC depuis plus de 30 ans. Sur RMC Sports, on le retrouve également au commentaire des soirées européennes. On parle de son métier et de la Ligue des Champions qu'il suivra en août.


Pourquoi et comment êtes-vous devenu journaliste sportif ?


L’aventure a commencé dans mon lit, à 13 ans, en écoutant Radio Monte-Carlo sur le parcours des Verts en 1976 puis de Bastia en 1978. Je me suis dit « c’est magique » donc j’ai eu envie de faire pareil. C’était dans un coin de ma tête car je suis fils de photographe et mon père était correspondant pour des journaux locaux. C’est donc vers cela que j’ai décidé de me tourner puis je me suis retrouvé à tenter ma chance dans une radio scolaire puis une première radio privée. L’aventure était partie.


Vous avez couvert de nombreux grands événements. Duquel gardez-vous les plus grands souvenirs ?


Déjà avant d'arriver dans le sport, j'avais toujours à l'esprit de ne faire que du sport. C’est arrivé juste avant la Coupe du Monde 98 que j’ai couvert pour l’ancien RMC. Dans le nouveau RMC, j’ai eu la chance qu’on me fasse confiance sur la présentation d’émissions puis sur la couverture d’événements. J’en suis à six championnats d’Europe et six coupes du monde. J'ai eu la chance de parcourir pas mal de pays donc il y en n'a pas une que je préfère à une autre. La Coupe du Monde a un petit avantage par rapport à tout le reste car c’est l’événement planétaire puis c’est le suivi de l’Equipe de France. Cela n’a pas toujours été joyeux mais au moins il y avait cette possibilité d’être sur l’événement majeur que représente cette Coupe du Monde.


Vous avez toujours fait de la radio, qu’est-ce qui vous plait là-dedans ?


L’instantané. Le fait qu’on soit tout le temps capable d’être en direct. Ce qui est le plus intéressant, c'est de raconter ce que l’on voit et dans le commentaire des matchs de foot, c’est le plus important. Et puis il y a le côté magique où on essaie d’imaginer une personne ou un visage à sa voix. La voix fait tout à la radio. Sur la radio en elle-même, on dit en plaisantant que ça se fait « par des bouts de ficelles » mais c’est presque la réalité. Vous pouvez faire de la radio avec un téléphone, c’est l’avantage de ce média qui est à la fois très souple et très disponible.


On vous a quasiment découvert à la télé la saison dernière avec les matchs de Coupe d’Europe sur RMC Story et BFM. Est-ce un métier différent ?


Complètement, même si on m’avait demandé de rester le Jano de la radio. Ce n'est bien évidemment pas possible. A la radio, il n’y a pas l’image et l’objectif est de raconter tout ce que l’on voit, d'avoir des enflammées, de tenir l’auditeur en haleine et transmettre la passion. A la télé, on est dans l’accompagnement car le spectateur a l’image alors il faut essayer de lui apporter un peu plus de sensibilité au travers du commentaire. L’exercice est différent, on parle moins parce qu’on laisse la place à l’image et qu’on est accompagné d’un consultant qui apporte un vrai plus. On laisse aussi la place sur les ralentis ou sur les fins d’actions chaudes pour partager l’émotion du but avec le commentateur comme il m’est arrivé avec Eric Di Meco et Jérôme Rothen, notamment sur le retour Liverpool-Barcelone (4-0) l’an dernier.

Jano commente les matchs de Ligue des Champions sur RMC Sports avec Jérôme Rothen - Getty

A la télé, vous avez à vos côtés un consultant. Est-ce appréciable ou est-ce « compliqué » de passer la parole ?


Non, ce n’est pas compliqué du tout. Déjà à la radio, on a les consultants en studio. Quand je parle de ça, je fais référence à la Coupe du Monde 2018 où il y avait des décalages car les deux consultants étaient en studio. Là on est côte à côte, on se regarde, on se touche le coude... il y a un vrai partage entre le commentateur et le consultant. Je pense qu’on se partage l’antenne naturellement. L’exercice est un peu compliqué au début car on n’a pas l’habitude d’être ensemble mais on trouve très vite des automatismes. Laisser la place au consultant me parait naturel. A la limite, ils sont même prioritaires car ils ont une lecture différente du jeu. Nous on est là dans pour l’émotion et le descriptif.


Nombre de vos commentaires sont devenus cultes pour les émotions transmises. Est-ce une marque de fabrique ?


Honnêtement, je ne m’en rends pas compte. Je ne joue pas un rôle, rien n'est calculé ou écrit car il faut que ce soit par rapport au ressenti qu’on a au moment du commentaire. J’ai beaucoup observé ce qui se fait en Espagne ou en Amérique du Sud et ces envolées lyriques m’ont plu. Plus près de nous, Saccomano a réinventé le commentaire. J’avais envie de me rapprocher d’eux tout en ayant ma propre personnalité. C’est d’ailleurs ce que je dis aux jeunes commentateurs : « surtout, ayez votre propre personnalité, n’essayez pas d’imiter qui que ce soit ». La marque de fabrique, c’est venu dans un second temps. C’est en écoutant les autres que j’ai tiré l’essence de mon métier et en me disant que c’est comme ça qu’il faut faire passer le message.


Vous vous préparez à suivre une Ligue des Champions très particulière. La façon d’exercer sera-t-elle différente du fait du contexte ?


Je ne pense pas. J’attends surtout avec impatience le 10 juillet pour connaître le tirage au sort et savoir sur quoi je pars car je vais être, comme d’habitude, partagé entre la radio et la télé. Je sais déjà que je commenterai le match retour de Lyon avec Jérôme Rothen. Quelque part, je ne suis pas mécontent de cette formule car ce sera un peu notre Euro 2020. On va vivre un match tous les jours donc ça sera un peu ce qui se passe quand on couvre un championnat d’Europe. Avec les quarts, les demi-finales et la finale, on va être pris par l’enjeu de cette compétition. On sera sur place une dizaine de jours et on va connaître un enchaînement de matchs qui nous permettra peut-être d’avoir au bout une victoire française. Ce sera un été particulier, oui, une compétition avec un format particulier, oui, mais ça sera surtout une Ligue des Champions qui sera vécue d’une manière très particulière.


Vous avez notamment suivi PSG-Dortmund à huis-clos et vous disiez qu'on vous entendrait peut-être dans le stade... Est-ce compliqué de commenter dans un stade vide ?


Oui parce qu’on a du mal à se retenir et il ne faut surtout pas se retenir. Je confirme qu’on m’a entendu en bas ! (rire) Les personnes du service de presse du PSG m’ont chambré là-dessus mais c’est normal car le stade était vide. C’est horrible de commenter un match à huis-clos et c’est encore plus horrible de commenter un match à huis-clos dans une cabine, comme il m’est arrivé de le faire avec la reprise de la Bundesliga ou de la Premier League. Ce n’est pas du foot. J’espère que cela changera au mois d’août pour la reprise de la Ligue 1.


La France est le seul championnat à ne pas avoir repris. Qu’en pensez-vous ?


Je ne vais certainement pas critiquer la position de la France. Chacun a pris sa décision en âme et conscience. La France a pris sa décision rapidement, peut-être trop rapidement mais cela n’empêche qu’on va attendre l’enchaînement des matchs. L’Allemagne a réussi à finir son championnat mais avec 18 clubs. Regardez le calendrier de l’Espagne ou l’Italie : la Juve va arriver pour le match retour contre Lyon en ayant joué son dernier match le 2 août. Il va y avoir à un moment donné un risque sur la santé des joueurs. Quand on voit le programme entre septembre et décembre, c’est inquiétant. Je n’ai pas envie de dire apocalyptique, mais on en n'est pas loin.


Vous avez fêté vos 30 ans d’antenne. Avec une telle expérience et un tel vécu, a-t-on encore des rêves ou des objectifs de carrière ?


Bien-sûr. J’ai encore du temps devant moi et j’ai toujours envie de parcourir les stades. On vit une période un peu compliquée dans le groupe et j’espère que ça n'altérera pas notre façon de travailler. Mon objectif est d’aller au Qatar, de vivre cette Coupe du Monde. Commenter une Coupe du Monde en décembre, ce sera particulier et après avoir fait l’Amérique du Sud au Brésil en 2014 et l’Afrique en Afrique du Sud en 2010, je pense que j’aurais déjà bien bouclé la boucle de ce qui peut-être vu en matière de continent. Je ne fais pas de plan sur la comète mais j’ai envie de prendre du plaisir et surtout de continuer à en donner aux gens.

Je remercie Jean Rességuié pour sa disponibilité.

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