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Interview de David Faupala

INTERVIEW - Ancien espoir de Manchester City, David Faupala a un parcours atypique. Passé par l'Ukraine ou Chypre, il vient de rejoindre le FC Jerv en D2 norvégienne. Auteur de l'un des plus beaux buts de la saison dernière avec l'Apollon Limassol, il a accepté de revenir sans détour sur sa carrière, notamment sur une affaire de pari au RC Lens qui lui avait valu de nombreuses critiques.


Tu étais sans club cet été. Comment t'es-tu préparé ?


Depuis décembre, j'ai une pubalgie. Au départ, je jouais dessus mais il y a eu un moment où ce n'était plus possible. J'ai subi une opération mais ça n'a rien changé. Cet été, je me suis retrouvé sans club donc j'ai fait mes soins avec mon kiné. Pendant l'été, j'ai pensé que ça irait mieux mais c'est toujours pareil.


Tu as rejoint une destination étonnante cet été en signant au FC Jerv. Pourquoi avoir fait ce choix ?


Au départ, je voulais partir à Cap Breton pendant trois à quatre mois pour vraiment me rétablir. Comme ça, j'aurais pu m'engager au mois de décembre ou au mois de janvier avec un club en étant en forme, sans blessure. Mais j'ai reçu une offre de D2 norvégienne, où je me suis engagé pour trois mois. Seulement trois mois car le championnat commence en février et finit en novembre. Donc pendant trois mois, je vais faire mes soins, je suis encadré et j'ai aussi un salaire donc voilà les raisons de ma signature.


Avais-tu d'autres possibilités ?


J'ai eu plusieurs offres, par exemple de Grenade en Espagne. J'ai surtout eu beaucoup d'offres des pays de l'Est, en Roumanie, Chypre, Pologne ou Grèce. Il y avait aussi des clubs de League One ou d'Italie, en Serie B et C. Mais je ne pouvais aller nulle part en étant blessé.


Tu avais déjà opté pour un club inattendu la saison dernière en signant à Chypre. En quoi Limassol t'avait-il attiré ?


Après mon passage en Ukraine, j'ai signé le dernier jour du mercato pour l'Apollon Limassol. J'ai attendu de voir s'ils se qualifiaient en Europa League pour signer car j'avais l'opportunité de signer ailleurs. J'ai donc signé après leur victoire contre le FC Bâle en barrages. Sauf qu'après deux semaines là-bas, j'ai enchaîné les blessures. C'était la première fois en une dizaine d'années de football que j'étais autant blessé.

David Faupala a affronté l'OM d'Adil Rami en Europa League

Tu n'es donc pas resté cet été à Limassol cet été. Tu n'as pas été conservé ?


J'avais signé un contrat d'une année plus une seconde en option qui se renouvelait seulement si je jouais plus de 15 matchs dans la saison. Malheureusement, j'en ai joué 12 ou 13. J'ai eu la possibilité de re-signer puisque le directeur sportif voulait me garder mais j'ai refusé leur contrat.


Tu as marqué l'un des buts de l'année contre la Lazio, un grand club, en coupe d'Europe. Qu'as-tu ressenti au moment de ce but ?


Franchement, marquer un but comme ça, je ne m'y attendais pas du tout. Je ne sais pas comme l'expliquer. La balle est arrivée, j'étais en bonne position et j'ai marqué. C'était face à une grande équipe, en plus il y a la victoire derrière donc c'était un très bon moment aussi.


J'aimerais revenir sur ta carrière en revenant au point de départ : Lens. Peux-tu revenir sur ton départ du club ?


A mes 15 ans, j'étais déjà surclassé en équipe réserve où j'ai continué à enchaîner les buts. Et arrivé à mes 18 ans, tous les joueurs de ma catégorie faisaient la reprise avec la CFA (ancienne Nationale 2) ou l'équipe professionnelle et moi, on me proposait un contrat stagiaire et de jouer avec les U19 alors que j'avais 18 ans. En fin d'année, j'étais libre donc j'avais le choix de partir à Manchester City, Monaco ou Lyon en signant un contrat pro. Donc le choix a été vite fait et je suis parti à Manchester.


Ton expérience au Racing s'était mal terminée avec cette histoire de pari contre ton club formateur lors d'un derby contre Lille...


La vérité est que le pari a été fait par mon frère. Et à l'époque, on partageait le même compte Twitter donc quand il s'est exprimé, les gens ont fait référence à moi. Au départ, je n'étais même pas au courant qu'il avait tweeté et c'est le lendemain en me réveillant que j'ai vu les réponses et les articles dans la presse. Même le club était au courant et pensait que c'était moi. Je leur ai expliqué l'histoire et ils m'ont dit que je devais assumer les conséquences par rapport au public. Comme ils avaient déjà sorti un communiqué sur moi, ils ne voulaient pas faire retour en arrière donc c'est moi qui ai endossé la responsabilité.


Cette histoire t'a mis tout le monde à dos. Comment l'as-tu vécu ?


Tout le monde aurait voulu que je sois puni, que ce soient les supporters ou les gens à l'extérieur. Ils m'ont quand même donné une punition qui était d'entraîner les petits pour faire comme si j'avais été puni. Le club savait très bien que je n'étais pas à l'origine du pari puisqu'il avait été fait sur le compte de mon frère. Ils avaient toutes les preuves mais ont décidé de m'utiliser comme exemple pour les autres joueurs du club. A l'époque, j'étais jeune. Je me faisais insulter sur Twitter et comme cela m'énervait, je répondais. Jusqu'à maintenant, les supporters de Lens ne savent pas la vérité.



Pourquoi ne pas être revenu plus tôt sur cette histoire, qui a entaché ta réputation à l'époque et te suit encore aujourd'hui ?


Tout simplement parce que la direction me l'avait interdit. Ensuite, j'ai considéré que c'était impossible de revenir en arrière car le mal avait été fait. Puis j'ai voulu que cette histoire soit oubliée pour tourner la page. Avec le recul, je me dis que j'aurais dû m'y prendre plus tôt. Seuls ma famille, mes amis, l'ancienne direction et les joueurs de Lens savent la vérité. D'ailleurs, Hervé Arsène (son entraîneur en U15 et U17 nat) n'était pas d'accord avec cette pratique car il savait très bien que cette histoire allait me suivre longtemps. Il n'avait pas tort.


En as-tu voulu aux supporters qui t'ont pris à partie sur les réseaux sociaux ?


Non car c'était normal qu'ils soient énervés après cette histoire de pari. Pour être honnête, quand tu es jeune, lire des centaines voire des milliers de personnes t'insulter, insulter ta famille, ça fait mal. J'ai réagi à leurs insultes car j'étais énervé, j'ai dit des choses pas correctes mais c'était sous le coup de l'énervement. J'ai réagi comme un être humain.


Tu as donc rejoint l'Angleterre très jeune. Comment se sont passés tes débuts à Manchester City ?


Arrivé à Manchester, j'ai signé mon contrat professionnel de trois ans. Je devais faire la première année avec les U21 et au bout de six mois, comme je faisais des bons entraînements et que je marquais en match avec Patrick Vieira (à l'époque entraîneur des U21), Pellegrini m'a pris dans l'équipe pro. J'ai fait les entraînements, plusieurs bancs avec eux et joué un match. C'est durant ce match que j'ai marqué mon premier but contre Chelsea.


Tu as fait ce match puis le club n'a plus compté sur toi. Comment l'expliques-tu ?


J'ai continué avec eux et en fin d'année, j'ai eu un entretien avec Manuel Pellegrini qui m'a annoncé que j'intégrerai définitivement l'équipe pro la saison suivante. J'allais donc être sur les feuilles de matchs et faire tous les entraînements. Sauf que lorsque je suis arrivé à la pré-saison, ce n'était plus Pellegrini mais Guardiola qui entraînait. Le problème, c'est qu'il avait déjà son équipe en tête donc je suis parti en prêt.


Comment as-tu réagi ?


Ça m'a mis un coup de massue quand même parce que je devais intégrer l'équipe première et tous mes plans ont changé. J'ai fait la pré-saison avec eux sans jouer aucun match puisqu'il faisait jouer ses joueurs.


Tu as donc été prêté deux fois, aux Pays-Bas puis en 3e division anglaise. Pourquoi deux prêts dans la même saison ?


J'ai rejoint le NAC Breda aux Pays-Bas en prêt, au dernier moment, et le coach avait déjà son attaquant titulaire. J'étais le second et je n'avais pas beaucoup de temps de jeu donc j'ai décidé de résilier le prêt pour revenir à City. On était à la mi-saison et Guardiola m'a dit que soit je restais avec les U21, soit je repartais en prêt. Donc j'ai été prêté en League One en Angleterre (au Chesterfield FC). Ça s'est très bien passé : j'ai joué 15 matchs et j'ai pris un peu d'expérience donc ça a été bénéfique pour moi.


Tu as ensuite définitivement quitté Manchester. Comment s'est déroulé ton départ ? Était-ce un choix de ta part ?


Il me restait un an de contrat et le club voulait me renvoyer en prêt. J'ai vu avec mon agent et il valait mieux que je résilie, que Manchester me paye ma dernière année de salaire et que je rejoigne un nouveau club. C'est ce qui s'est passé. Sauf qu'entre-temps, j'ai décidé de ne plus travailler avec mon agent. J'ai été faire des essais à Rennes où j'ai été pris. Mais comme j'étais encore sous contrat avec mon ex-agent, le contrat que j'avais signé a été résilié par la FIFA. C'était en fin de mercato et je me suis retrouvé sans club pendant six mois. Le contrat avec mon ex-agent n'était valable qu'en Europe donc j'ai décidé de signer pour six mois en Ukraine (au FC Zorya Luhansk).


Tu n'auras joué qu'un match pro à City. Ce match et ce but contre Chelsea font-ils partie de tes meilleurs souvenirs de footballeur ?


Mon meilleur souvenir, ça reste effectivement ce match contre Chelsea. C'était mon premier match pro et quand tu vois Pedro, Hazard, Costa ou Courtois dans le tunnel de Stamford Bidge... c'est quelque chose de fou pour une première en pro. Même quand tu rentres sur le terrain et que tu vois les supporters, c'est incroyable. Et puis il y a mon but. Ce qui était encore plus magique, c'est que j'avais égalisé. Ce n'est pas comme si j'avais marqué à deux ou trois zéro. C'est vraiment le fait que ce soit le but égalisateur qui fait que c'est un de mes meilleurs souvenirs.


Dans ton cas, le football t'a permis de découvrir différents pays et différentes cultures. Prends-tu ça comme une chance ?


Je n'ai aucun regret. Je n'ai pas envie de regretter ou de revenir en arrière. Humainement, voyager, c'est vraiment quelque chose de bien. Cela m'a permis d'apprendre l'Anglais, que je parle maintenant très couramment. J'arrive aussi à maîtriser un peu le Russe... un peu moins bien que l'Anglais mais j'arrive à le parler aussi. J'apprends du monde donc c'est quelque chose de top.


A 22 ans, tu peux encore te relancer. Quels sont tes objectifs cette saison ?


Si je suis venu en Norvège, ce n'est pas pour me relancer car je sais que j'ai beaucoup de touches qui m'attendent pour le mercato d'hiver. Mais si j'arrive à reprendre avant et à les aider en marquant, ça sera en plus pour moi. Je leur dois bien ça aussi.



Je remercie David pour sa gentillesse et le temps qu'il m'a accordé pour cette interview. Je lui souhaite un prompt rétablissement et de retrouver rapidement le plus haut niveau.

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