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Interview de David Aiello : « Le match contre la Hongrie ne m’a pas inquiété plus que ça »

#INTERVIEW - Journaliste pour L'Equipe et RTL, David Aiello suit de près les performances de l'Equipe de France durant l'Euro. J'ai échangé avec lui à la veille de Portugal-France (mercredi, 21h).


Après les deux premiers matchs des Bleus, êtes-vous confiant avant le match face au Portugal ce mercredi (21h) ?


« Je le suis, notamment parce que j’étais à RTL où j’ai été surpris samedi soir qu’après le match contre la Hongrie on soit passés de « on est la meilleure équipe du monde » à « c’est honteux et indigent ». J’avais dit avant le début de l’Euro qu’il fallait se méfier, notamment quand ce sont les joueurs qui le disent. J’avais été choqué que Coman le dise car, même si c’est peut-être vrai, il faut le montrer sur le terrain et si tu ne prouves pas cela peut te revenir comme un boomerang. Cela met une pression supplémentaire. Si tu es champion d’Europe, tu pourras dire : « on a montré qu’on avait le potentiel et on a confirmé sur le terrain qu’on est les meilleurs ». J’étais et je reste confiant. Contre la Hongrie, j’ai vu quatre occasions nettes et les Hongrois marquer à la 46e minute en première période puis trois autres occasions nettes en seconde période. Ça fait quand même sept occasions nettes. J’aime la statistique des expected-goals, qu’on utilise de plus en plus. Sur ce match, c’est environ 2 xG pour la France et 0,45 xG pour les Hongrois. Que dans le contenu il y ait des choses à revoir, c’est une évidence, mais de là à tout balancer… J’entendais un auditeur sur RTL qui disait que c’était honteux. Je veux bien mais des matchs comme ça, où tu domines, où tu as sept occasions nettes et où tu es maladroit, ce n’est pas honteux. On a un très bon groupe et un sélectionneur qui a fait ses preuves. Je suis persuadé qu’on a souffert des conditions de jeu à Budapest. On n’affrontera pas toujours une équipe soutenue par 60 000 personnes et qui jouera le match de sa vie face aux champions du monde. Je ne dis pas que c’est essentiel mais ce sont des petits détails qui font que le match contre la Hongrie ne m’a pas inquiété plus que ça. Il y a un gros client qui se profile avec le Portugal mais ça se passera bien si on refait le même match qu’en novembre 2020 (victoire 0-1, ndr).


Vous parlez des déclarations des joueurs et notamment de Kingsley Coman. D’un point de vue des observateurs, les Bleus étaient donnés grands favoris avant l’Euro. Le constat est-il toujours le même après dix jours de compétition ?


Oui, pour moi ils le restent. Ce qui change un peu, c’est qu’on y voit un peu plus clair sur certaines forces en présence. Et encore. L’Italie restait déjà sur une série incroyable de plusieurs dizaines de matchs sans défaite (27 matchs, ndr) avant le début de cet Euro. Ils continuent sans défaite mais on ne peut pas dire que les adversaires qu’ils ont affrontés nous permettent de les jauger au plus haut niveau. Ils ont montré des choses très intéressantes mais, même si c’est une équipe très réjouissante, il me parait prématuré de les mettre au même niveau que l’Equipe de France. L’Allemagne a bien réagi après sa défaite inaugurale contre les Bleus, la Belgique et les Pays-Bas ont confirmé. Je ne déclasse pas les Bleus. Ils font partie pour moi des deux favoris qui se détachent un peu avec la Belgique. Sur les grandes compétitions, j’ai toujours du mal à détacher un seul favori. Il ne faut pas oublier que tout va se jouer sur un match à partir des huitièmes de finale. Sur un match, tu peux prendre un rouge après dix minutes de jeu et la physionomie du match est complètement renversée. Ce n’est pas comme un championnat où tu vas jouer 38 matchs et où les meilleures équipes vont se retrouver en tête sur la durée. En 2004, la Grèce est championne d’Europe. Tu rejoues dix fois l’Euro avec les mêmes équipes, la Grèce ne sera pas championne. C’est aussi ce qui fait le charme de ces grandes compétitions. Il peut y avoir des surprises, tu n’es pas à l’abri de passer au travers, d’avoir un carton rouge ou un penalty injuste… C’est l’histoire du foot.


Didier Deschamps a modifié son système pour cet Euro, abandonnant le 4-2-3-1 qui avait fait le succès des Bleus en 2018. Que pensez-vous de ce changement de système et pensez-vous que le sélectionneur puisse revenir à quelque chose de plus « basique » ?


Avec le retour de Benzema, la configuration se devait de changer un peu. Je pensais qu’il essaierait le 4-2-3-1 en préparation parce que c’est, à mon sens, le système qui permet à chacun d’être à sa place. D’ailleurs, cela s’est vérifié puisque Griezmann a dit en conférence de presse que son poste de prédilection était dans l’axe alors qu’il se retrouve sur le côté droit avec le 4-3-3. Il n’est pas là où il préfère jouer et, pour le coup, c’est compliqué de trouver plus altruiste que Griezmann. Il ne la ramène pas mais a quand même fait passer le message. On peut penser que le 4-2-3-1 permettrait de laisser Mbappé à gauche – où il a joué toute la saison avec le PSG et où il est le plus performant – Benzema dans l’axe, Griezmann en soutien et Coman à droite. C’est un choix plus offensif, à moins de faire évoluer Mbappé à droite et Rabiot à gauche. Ce qui est difficile, c’est que le 4-3-3 n’aura eu que deux matchs pour se roder et que les trois offensifs n’avaient jamais joué ensemble. Il faut aussi laisser sa chance au produit. Je ne suis pas fan du fait d’essayer quelque chose et de tout changer si ça ne fonctionne pas tout de suite. Je trouve le système en 4-3-3 assez équilibré. Le 4-2-3-1 peut l’être aussi, cela dépend des joueurs qui le composent et si on se retrouve face à un adversaire avec des pistons très performants. Je suis plutôt d’avis de laisser le 4-3-3 en place. On parle de changements [pour le match contre le Portugal] avec Tolisso qui peut notamment amener de la densité physique et Koundé à la place de Pavard, qui n’a pas semblé très à son aise contre la Hongrie. Ce sera intéressant à suivre parce que les Bleus sont qualifiés et ce serait mieux de terminer premier pour être dans la bonne partie du tableau. Mais ce match va quand même compter pour la suite car si on reste en 4-3-3 et qu’on n’est pas performant, il faudra peut être réfléchir à autre chose pour la suite. »

(Photo David Aiello)

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