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Interview de David Aiello : "Il faut être percutant"

#INTERVIEW - Pour La Chaine L'Equipe, David Aiello est chroniqueur dans L'Equipe du Soir et envoyé spécial. Durant l'Euro, il parcourt la France et rencontre des supporters ou des personnes importantes dans la carrières des Bleus pour une chronique dans L'Equipe du Matin. Il me parle de son métier et du début de l'Euro.


Participer à des émissions qui couvrent un Euro, qu’est-ce que ça représente pour un journaliste ?


C’est marrant parce que pas plus tard que ce matin, je me faisais la réflexion que ces grandes compétitions étaient vraiment à part. Je suis journaliste depuis vingt ans donc j’ai couvert plusieurs Euro, que ce soit sur place ou en studio, coupes du Monde, Jeux Olympiques ou Roland Garros. C’est à part parce que tu as toujours ce sentiment de communion. Cela embarque tout le monde, on voit bien que ce ne sont pas que les fans purs et durs qui suivent une telle compétition. Le grand public s’y mêle et on arrive à quinze millions de personnes devant leur poste pour un match des Bleus. Il y a cette énergie et cet engouement qui rendent vraiment ces compétitions à part, au-delà de l’intérêt sportif. Je dis souvent que le meilleur football n’est pas le football de sélections mais celui de clubs. Aujourd’hui la meilleure compétition est la Ligue des Champions car on y voit les meilleurs matchs, les meilleurs joueurs du monde sont présents et les équipes jouent ensemble toute la saison donc sont bien plus préparées. Sportivement, le meilleur moment, c’est la Ligue des Champions mais avec ces grandes compétitions, il se passe un truc dingue qu’on ne retrouve pas ailleurs en termes d’engouement. L’intérêt dépasse donc le sportif.


Vous qui parcourez la France depuis trois semaines pour La Chaîne L’Equipe, sentez-vous un engouement particulier en France ?


Oui, je sens que c’est en train de prendre. L’émission L’Equipe du Matin a commencé le 30 mai et j’ai commencé ma chronique le 7 juin parce qu’on se disait que c’était peut être un peu tôt (l’Euro débutait le 11 juin, ndr). Quand j’ai commencé, on venait tout juste d’avoir la fin du deuxième déconfinement et la levée de certaines mesures sanitaires. Il n’y a pas beaucoup de fan zones mais on sent que les Français ont envie de communier et de faire la fête autour des Bleus. En plus, cette Equipe de France a une vraie côte de sympathie avec les Mbappé, Griezmann, Pogba ou Kanté qui ont de grosses côtes de popularité. On attend aussi que les matchs couperets débutent pour vraiment basculer dans un engouement encore plus particulier. Mais le fait qu’il y ait eu quinze millions de téléspectateurs devant France-Allemagne dit quelque chose sur l’attente des Français.


Vous êtes envoyé La Chaine L’Equipe. En quoi ce rôle est-il différent de celui de chroniqueur et qu’est-ce qui vous plait dans cette fonction ?


C’est d’être sur le terrain tout simplement. C’est quelque chose que j’avais déjà fait auparavant pour Yahoo! ou Sport365 pendant les coupes du Monde. J’ai toujours rêve d’être sur le terrain. Faire les grandes compétitions sur le terrain est quelque chose de magnifique. J’ai vécu sur place les finales des coupes du Monde 1998, 2006 et 2018, ce qui est quelque chose d’assez dingue quand on est fan de foot. Cette fois, même en n’étant pas sur place, je vais au contact des gens, je rencontre des anciens joueurs ou des formateurs. J’ai parfois été dans les bureaux parce que j’ai été rédacteur en chef. On vit d’autres choses et c’est très intéressant mais notre métier, c’est quand même être sur le terrain, passer des coups de fil pour trouver des « bons clients », c'est-à-dire des gens qui parlent bien et qui ont envie de communiquer leur passion. C’est tout simplement ça, cette passion du terrain.


Quelles sont les points communs et les différences entre le métier de chroniqueur et celui d’envoyé spécial ?


Le point commun que je vois, c’est le fait qu’il faille être bon tout de suite. Je passe des heures à préparer la chronique que je fais en ce moment. C’est beaucoup de préparation mais, au bout du compte, on vient me voir une ou deux minutes et je n’ai que ce temps pour être bon. En plateau, c’est la même chose. L’émission a beau durer une ou deux heures, nos temps de paroles son limités parce qu’on est plusieurs à débattre et qu’il y a aussi des images à faire passer. Dans les deux cas, il faut être percutant. Ce qui diffère, c’est l’approche. Sur le terrain, on est au contact des gens. Quand je suis sur le terrain en Ligue 1, j’essaie d’aller chercher les infos sur place, de parler avec des collègues et avec des membres du staff des clubs. Sur le terrain, on est en contact direct avec l’information. Parfois, quand je suis chroniqueur pour une émission, il m’arrive aussi de passer des coups de fil sur un thème donné pour récupérer de l’info. Mais c’est assez différent du terrain où, pour le coup, on est en contact avec l’info et où le challenge est justement d’aller récupérer l’information.


Vous avez l’habitude de faire de la télé et de la radio entre L’Equipe et RTL, quel support préférez-vous ?


C’est une question que j’aime bien (rire). J’ai eu la chance de commencer sur le web quand internet explosait. Je suis clairement moins à l’aise avec l’écrit. Il y a quelque chose de fabuleux dans la radio. C’est très simple, on allume un micro et on peut même être au bout du monde et on a l’impression d’être en studio. J’adore l’interactivité, la spontanéité et le fait de pouvoir interagir avec les auditeurs. On le fait moins à la télé, même si j’essayais de faire intervenir des téléspectateurs lorsque j’avais une émission sur Sport365. La télé est beaucoup plus complexe : on se fait maquiller, on met des micros, on doit être bien habillé, faire attention à la manière dont on se tient… A la radio, je peux être décoiffé et habillé en pyjama, personne ne le saura jamais, même s’il y a maintenant des caméras dans les radios. Il y a une complexité technique en télé. Par exemple, quand je pars comme envoyé spécial, je pars avec un petit dispositif d’envoi des images, je rejoins un journaliste reporter d’images, il faut qu’on fasse attention à l’emplacement du soleil, il ne faut pas qu’il y ait trop de vent ou trop de bruit… Il faut aussi que les conditions d’envoi soient bonnes. C’est toujours plus compliqué. Mais il y a aussi cette magie qui est formidable et dont je me rends compte encore plus aujourd’hui sur La Chaine L’Equipe. On est dans le foyer des gens. Quelque part, on rentre un peu chez eux et un lien s’établit. Dans les stades de Ligue 1, les gens me disent bonjour, me demandent : « comment est Mémé ? (Olivier Ménard est le présentateur de L’Equipe du Soir, ndr) »… C’est très sympa et c’est quelque chose qui existe moins en radio.



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