Ce vendredi, j'ai eu le chance et le privilège de discuter par téléphone avec Stéphane Dalmat, ancien milieu de terrain du Racing Club de Lens, de l'Olympique de Marseille, du Paris Saint-Germain ou encore de l'Inter Milan. L'ancien joueur qui a débuté à la Berrichonne de Châteauroux est revenu pour moi sur sa carrière, ses débuts, ses meilleurs souvenirs en tant que footballeur et sa reconversion, peut-être dans le monde du foot. Celui qui a raccroché les crampons en 2012 justifie également son départ de Marseille pour Paris et revient sur sa relation avec ses anciens entraîneurs, dont Luis Fernandez. Interview.
Comment as-tu débuté dans le football ?
A la base j'ai débuté à Joué-lès-Tours et j'ai envoyé des CV un peu partout dans les clubs de France, en Ligue 1 et en Ligue 2 en voyant que j'avais aucune opportunité pour rejoindre un centre de formation. J'ai reçu six propositions : Laval, Gueugnon, Angers, Châteauroux, Nantes et Toulouse. Mais j'ai été refusé dans tous les clubs sauf à Châteauroux où j'ai été pris dès la première journée par Roger Fleury, l'entraîneur du centre de formation. J'ai ensuite signé un contrat aspirant de deux ans et j'ai fait une année en moins de 17 ans. Après j'ai eu la chance de voir monter le club en Ligue 1 et j'ai joué en pro dès la troisième journée contre l'AS Cannes.
Ton premier but, tu t'en souviens ?
Mon premier but, c'était à Châteauroux contre Lens. C'était un match sur Canal+ ce jour là. J'attendais mon premier but en pro et je n'arrivais pas à marquer à chaque fois que j'avais une occasion. On jouait donc un match contre Lens qui était a l'époque premier du championnat et qui avait d'ailleurs terminé en plus champion de France cette année-là. Et je marque mon premier but à domicile donc c'était une joie extraordinaire.
La victoire en finale de Coupe de la Ligue avec Lens reste-t-elle ton meilleur souvenir ?
Cela fait partie des mes plus beaux souvenirs. On fait un match contre Metz en finale de Coupe de la Ligue ; le stade était aux trois quarts Sang & Or, le public était magnifique et puis on a la chance de marquer par Daniel Moreira. C'était une fête extraordinaire. Le lendemain, on est rentré sur Lens et à Bollaert, avec tout le public, on a présenté la coupe et c'était vraiment une belle communion inoubliable qui restera à jamais dans ma vie.
Toi qui as joué dans les plus grands clubs comme Marseille, Paris ou l'Inter, où se situe Lens niveau ambiance ?
Lens n'a rien à envier à des grands clubs comme Marseille, Paris ou comme l'Inter. L'ambiance de Bollaert-Delelis est extraordinaire. Quand tu rentres sur le terrain, tu as la musique des Corons de Pierre Bachelet qui est chantée par le stade. J'ai toujours des frissons : quand j'y suis retourné en tant qu'anniversaire de Lens ou même en tant que joueur quand j'y étais, j'ai toujours eu des frissons. Avec son kop et ses supporters, cela reste le meilleur public en France.
Même si tu n'as pas joué au retour, quel souvenir gardes-tu de la fameuse victoire contre Arsenal à Wembley ?
C'est extraordinaire. En plus c'était mon premier match en Ligue des Champions, contre Arsenal, où on fait un partout et on égalise dans la dernière minute. Après il y a ce fameux match à Wembley où j'étais blessé mais on gagne un but à zéro par un but de Mickaël Debève. C'étaient des moments extraordinaires, des grands matchs contres des très grands joueurs comme Patrick Vieira, Emmanuel Petit, Nicolas Anelka... Donc c'étaient vraiment des moments formidables.
Comment as-tu vécu le fait de quitter Marseille pour Paris ?
Déjà cela n'a pas été ma volonté de partir de Marseille, parce que j'avais signé huit ans à l'époque à Marseille. Donc j'étais parti dans l'optique de rester longtemps à Marseille. Mais pour des raisons économiques, j'ai été obligé de partir et le seul endroit où je pouvais aller - comme je ne voulais pas partir à l'étranger, c'était le PSG qui était prêt à mettre la somme demandée par l'OM. La transition s'est très bien passée, il n'y a pas eu de problème. Je ne suis resté que six mois et il n'y a pas eu de problème avec les supporters ni des sifflets par rapport à mon arrivée de Marseille
Comment étaient tes relations avec Luis Fernandez ?
Très tendues. Parce que j'étais venu sous la direction de Philippe Bergeroo et Jean-Luc Lamarche, l'ancien directeur sportif, et c'est vrai que Luis est arrivé et a voulu instaurer certaines règles. A cette époque là j'étais jeune et puis j'avais été habitué à un autre traitement de faveur avec Philippe Bergeroo et Jean-Luc Lamarche. Avec Luis mon statut a changé, je n'entrais pas dans ses plans et c'est ce qui a fait que le mieux pour moi était de partir de Paris. Au final tout le monde était content parce que Paris voulait récupérer un joueur de l'Inter qui était Vampeta et l'Inter me voulait absolument à cette époque là. Donc tout c'est fait correctement.
As-tu été viré de Paris ?
Non, parce que si j'avais eu envie de rester je serais resté. J'avais un contrat de cinq ans à Paris mais à l'époque, entre l'Inter et Paris, il n'y avais pas photo. Donc pour moi c'était plus une progression de partir à l'Inter qu'une régression. C'est plus une opportunité que j'ai su saisir.
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Comment est la rivalité entre l'Inter et le Milan, par rapport notamment à un Classique français et quelle était ta relation avec Laurent Blanc ?
En fin de compte, la rivalité à l'Inter est plus avec la Juventus. Quand je me promenais dans Milan, je n'ai jamais été insulté par des supporters du Milan AC. Même quand il y avait des derbys Milan-Inter, je n'ai pas senti d'animosité ou de réel conflit. Bien-sûr, il y avait une rivalité, mais elle n'était pas aussi importante que celle avec la Juventus ou celle entre l'Inter et la Roma. Là j'ai senti plus de haine entre les supporters. Les matchs Milan-Inter étaient des derbys chauds, mais il n'y avait rien de comparable avec un derby de Rome ou même un Marseille-Paris. Ma relation avec Laurent Blanc était extraordinaire. J'étais en chambre avec lui lors des mises au vert. Au départ j'étais un peu intimidé parce que c'était quand même Laurent Blanc, quelqu'un de très respecté à l'Inter. En plus il était champion du Monde, champion d'Europe... Mais ensuite il m'a mis à l'aise, m'a pris sous son aile et j'ai passé six mois extras avec lui pendant lesquels on a rigolé et on a passé des bons moments. C'est devenu un ami par la suite.
Tu as joué plusieurs mois à Tottenham. Comment est le football anglais ?
A l'époque j'étais dans le meilleur championnat au Monde, parce que le championnat italien était considéré à cette époque là comme le meilleur. J'avais envie de partir dans un club anglais et Tottenham fait partie des cinq plus grands clubs d'Angleterre. Les stades, les ambiances, l'atmosphère, l'engouement... j'ai pris du plaisir au départ mais cela s'est terminé d'une moins bonne façon. J'avais envie de rester plus longtemps en Angleterre pour plus kiffer le championnat anglais.
Ensuite il y a eu un prêt à Toulouse puis l'Espagne, mais on ne peut pas dire que c'est une réussite...
Pas du tout. C'est une grosse erreur. Santander n'était pas un club qui me convenait mais j'étais dans une situation où j'avais pas beaucoup d'opportunités et j'avais donc la possibilité de faire une année à Santander et de partir ensuite dans un plus grand club en Espagne. Mais en fin de compte cela s'est mal passé et j'ai résilié mon contrat.
A Sochaux, tu as fait ta meilleure saison statistiquement. As-tu ressenti la même chose sportivement ?
C'est là où je me suis le plus amusé. Je n'avais pas de pression, j'étais dans un club familial, dans un club où j'avais, entre guillemets, les pleins pouvoirs et la confiance de l'entraîneur, j'étais aimé les supporters, j'étais respecté de tous les joueurs et là-bas j'avais la liberté de faire ce que je voulais et je pense que je l'ai bien rendu à Sochaux où j'ai passé trois années, humainement et même sportivement même si on a toujours joué le maintien, formidables. On était une bande de potes en plus et c'étaient franchement trois années extraordinaires au FC Sochaux.
Pendant un moment à Rennes tu n'es plus apparu sur les feuilles de match... Pourquoi ? Comment était ta relation avec Frédéric Antonetti ?
C'était ma volonté. Ma première année s'est bien passée, ma seconde année j'étais plus cantonné à jouer les matchs d'Europa League et à faire des rentrées de cinq ou de dix minutes en championnat. Ensuite j'étais fatigué et à 33 ans je n'étais pas habitué à toutes ces situations. J'ai été voir l'entraîneur et je lui ai dit clairement qu'il valait mieux qu'il prenne un jeune pour être sur le banc de touche et que s'il avait besoin de moi en tant que titulaire je serais disponible, que je m'entraînais toute la semaine pour. Mais l'entraîneur a interprété les choses et croyait que je ne voulais plus jouer alors que j'étais prêt à jouer mais à certaines conditions. J'ai respecté sa décision et j'ai terminé les six derniers mois à m'entraîner et à ne plus jouer. Ma relation était excellente avec Frédéric Antonetti. C'est un entraîneur avec qui j'ai de très bons rapports, on a été francs l'un envers l'autre, on s'est serré la main et on s'est quitté en très bons termes. Malheureusement on ne s'est pas compris. Cela faisait des années qu'il me voulait et malheureusement le mariage entre lui et moi ne s'est pas bien passé.
Tu as signé à Nîmes pour finalement ne jamais jouer... il fallait que tu arrêtes ?
Oui. C'était le moment d'arrêter, surtout avec tout ce que j'avais vécu pendant mes quinze ans de carrière. Dans un club avec des structures où je revenais un petit peu aux méthodes amateures , je ne me voyais pas rester dans ce contexte là et j'ai décidé de raccrocher les crampons. J'avais des propositions pour partir en Chine ou dans les pays du Golfe mais j'ai refusé pour des raisons personnelles. La meilleure solution pour moi était d'arrêter parce que je n'avais plus la motivation de faire tous les efforts.
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Tu es quand même passé à côté d'une plus grande carrière. Qu'en penses-tu ?
On me le dit souvent. Mais j'aurais pu aussi, avec le parcours que j'ai eu avant de commencer en pro, ne pas jouer du tout. J'ai joué avec les meilleurs joueurs, j'ai joué dans les plus grands clubs. Pour moi c'est une très belle carrière. Avec des si on peut refaire le monde, donc j'ai eu la carrière que je méritais. C'est un regret de ne jamais avoir joué en Equipe de France A. Parce que j'aurais mérité, je pense, d'avoir au moins une ou deux sélections. Cela restera le seul grand regret de ma carrière de ne pas avoir eu l'opportunité d'être appelé en Equipe de France
Dernière question, que fais-tu depuis la fin de ta carrière ?
Je voyage beaucoup. J'ai pas mal de choses au niveau de l'immobilier. Je joue beaucoup dans les soccers, je fais des matchs pour des associations caritatives. Je m'occupe beaucoup et j'espère peut-être dans les mois ou les années à venir revenir dans les circuit du football professionnel pour intégrer une cellule de recrutement ou pourquoi pas devenir directeur sportif d'un club. Cela dépendra des opportunité dans les mois ou les années à venir.
Je remercie Stéphane Dalmat pour sa disponibilité, sa sympathie et ses réponses. En espérant un jour te rencontrer.
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